Près de quatre millions d'électeurs sont appelés aux urnes à partir de dimanche et pour une semaine au Sud-Soudan, pour un référendum d'autodétermination qui devrait aboutir à la naissance d'un nouvel État.

La consultation, étalée sur sept jours, est l'aboutissement de l'accord de paix de 2005 au Soudan, qui a mis fin à plus de 20 ans de guerre civile entre le Nord musulman et le Sud majoritairement chrétien et animiste. Un conflit qui a fait deux millions de morts.

La préparation du scrutin a constitué un gigantesque défi dans une région où beaucoup vivent en nomades au moins une partie de l'année et où seulement 15 pour cent des habitants savent lire et écrire.

Quelque quatre millions d'électeurs ont été recensés ces derniers mois, dont 116 000 Sud-Soudanais vivant au Nord et 60 000 résidant dans huit autres pays. Plus de 7,3 millions de bulletins ont été imprimés pour quelque 2600 bureaux de vote au Sud-Soudan.

Quiconque a un parent ou un ancêtre d'une tribu du Sud peut voter, de même que ceux dont les parents et grands-parents vivent dans le Sud depuis 1956. Les électeurs se prononceront à l'aide d'un bulletin sur lequel figurent simplement deux images montrant soit une main, soit deux mains qui se serrent, respectivement accompagnées des mots «sécession» et «unité».

Plus de 200 observateurs et experts seront déployés par l'Union européenne et la fondation de l'ancien président américain Jimmy Carter, qui sera présent pour le référendum, tout comme l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et l'acteur américain George Clooney, un militant de la paix au Soudan. La Chine, qui a investi dans le secteur pétrolier soudanais, envoie également des observateurs.

Après la clôture du vote le 15 janvier, le dépouillement commencera sous l'oeil des observateurs locaux et internationaux. Les résultats seront affichés dans chaque bureau de vote et les bulletins seront ensuite envoyés à Juba, la capitale du Sud-Soudan, et vérifiés.

Les Sud-Soudanais devraient se prononcer massivement pour la sécession. Pour être valide, le résultat devra réunir une majorité de 50% des voix plus une, et un taux de participation de 60 pour cent des inscrits. Une synthèse des résultats sera diffusée sur internet. Les résultats définitifs ne devraient pas être vérifiés avant la fin janvier, mais seront probablement connus bien avant.

«Il y a un consensus très large sur le fait que le Sud va voter pour la sécession. Reste à savoir ce qui se passera après le vote», souligne Marian Ottaway, du Fonds Carnegie pour la paix internationale.

Peuplé de 8,7 millions d'habitants, le Sud-Soudan possède peu d'insfrastructures en dehors de Juba et constitue l'une des régions les plus pauvres du monde, bien que riche en pétrole.

Le Nord et le Sud doivent encore s'entendre sur la répartition des revenus de l'or noir, les frontières officielles et les droits des citoyens. Si le Sud-Soudan vote la sécession, il ne sera pas pleinement indépendant avant le 9 juillet, date d'expiration de l'accord de paix de 2005, qui devra être remplacé par un nouvel accord, explique Mme Ottaway.

Selon les observateurs, une éruption de violence ne peut être exclue le long de la frontière et dans l'Abyei, région riche en pétrole que se disputent le Nord et le Sud. Un référendum sur l'avenir de l'Abyei devait initialement se tenir le 9 janvier, mais le projet a finalement été abandonné. Des négociations entre le Nord et le Sud au sujet de cette région devraient se poursuivre sous la médiation alternative de l'Union africaine et des États-Unis.

Mais, après la visite au Sud-Soudan mardi du président soudanais Omar el-Béchir, qui a promis qu'une sécession se déroulerait de manière pacifique, les observateurs estiment que le risque d'une flambée de violence post-référendum a baissé.