Le président soudanais Omar el-Béchir a appelé vendredi la population du Darfour à s'engager pour une paix durable dans cette région de l'ouest du pays en proie à la guerre civile, après le retrait de sa délégation aux pourparlers avec la rébellion.

«Notre porte est grande ouverte pour toutes les personnes honnêtes qui veulent la paix et sont prêtes à s'engager dans le cadre de l'ordre constitutionnel», a déclaré M. Béchir dans un discours à l'occasion du 55e anniversaire de l'indépendance du Soudan.

«Le peuple du Darfour a aujourd'hui entre ses mains une occasion rare pour éteindre le feu de la guerre et joindre l'option de la guérison et de la réconciliation», a ajouté le président soudanais qui a plaidé pour un dialogue avec «toutes les composantes de la société» du Darfour.

Le gouvernement soudanais a retiré vendredi sa délégation aux négociations de paix de Doha, au Qatar, sur la paix au Darfour, mais a indiqué vouloir poursuivre les efforts en vue d'une paix durable dans cette région, théâtre depuis sept ans d'une guerre civile à l'origine de 300 000 morts selon les estimations de l'ONU - 10 000 d'après Khartoum - et 2,7 millions de déplacés.

Le président Béchir avait plutôt cette semaine souhaité négocier la paix au Darfour, et non dans une capitale étrangère, avec ceux qui abandonnaient les armes.

Si le gouvernement de Khartoum a retiré sa délégation de Doha, il n'a toutefois pas claqué la porte définitivement à ce processus de paix. «La délégation va partir parce qu'elle n'a plus rien à faire mais cela ne signifie pas qu'on se retire du processus de paix», a déclaré jeudi le conseiller présidentiel sur la question du Darfour, Ghazi Salaheddine.

Le président Béchir, reconduit au pouvoir à l'issue des élections d'avril, a par ailleurs plaidé pour un gouvernement «avec une large participation», une manière de rappeler à l'opposition qu'elle pouvait joindre le gouvernement si elle partageait le programme de son parti.

Il a par ailleurs annoncé ses priorités économiques comme la «disponibilité» des produits alimentaires de base et la «stabilisation» du cours de la livre soudanaise affectée par l'incertitude liée du référendum d'indépendance du Sud-Soudan, du 9 au 15 janvier prochain.

La sécession du Sud-Soudan, région dotée de plus des trois-quarts des réserves pétrolières du pays, «pourrait signifier une réduction des revenus pétroliers» pour le gouvernement central de Khartoum, a reconnu M. Béchir.

Les ex-rebelles sudistes du SPLM et le parti du Congrès national (NCP présidentiel) discutent actuellement d'une formule de partage de la manne pétrolière garantissant la stabilité économique des deux régions dans le cas attendu d'une sécession du Sud.

Le NCP et le SPLM, qui avaient mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile Nord-Sud, ont multiplié les accusations cette année, «mais a aucun moment ces tensions ont monté en flèche ou menacé le processus de paix», s'est félicité le chef de la mission de l'ONU au Soudan (Unmis), Haile Menkerios.

«Tout est maintenant en place pour la tenue du référendum du Sud-Soudan à partir du 9 janvier», a-t-il souligné dans un communiqué.