Les forces de sécurité étaient en alerte mardi au Kenya, au lendemain d'un attentat encore non revendiqué qui a fait trois morts à Nairobi contre un autobus assurant la liaison avec la capitale ougandaise Kampala.

L'incident a eu lieu vers 19h30 (11h30 heure de Montréal) en plein centre de la capitale kényane, dans une rue généralement très fréquentée où stationnent de nombreux minibus.

Selon les premiers éléments de l'enquête, une personne qui montait dans le bus en partance pour la capitale ougandaise a actionné un «engin explosif» au moment où un garde de sécurité vérifiait le contenu des valises des voyageurs.

Un suspect a été interpellé et est actuellement interrogé par une unité de la police anti-terroriste.

L'une des trois victimes serait le propriétaire de la valise qui a explosé. «Il était le premier à être contrôlé, il a paniqué, laissé tomber le sac, ce qui a provoqué l'explosion», selon le chef de la police kényane Mathew Iteere, qui a estimé qu'il s'agissait d'une «attaque».

«Je me tenais à la porte de l'autobus (...) Il y avait du retard et les passagers se plaignaient. Ils ne savaient pas ce que Dieu leur avait réservé», a témoigné à l'AFP le chauffeur de l'autobus, Ismail Ibrahim.

L'explosion, de faible puissance, n'a endommagé que légèrement le bus rouge marqué d'un «Kampala Coach» en grosses lettres jaunes. Selon un démineur qui examinait mardi le lieu de l'incident, elle aurait été vraisemblablement provoquée par une grenade.

L'attaque n'a pas été revendiquée. Elle est intervenue le jour-même où le chef de la police en Ouganda faisait état publiquement de possibles attentats islamistes à Kampala, liés au déploiement de troupes ougandaises en Somalie, à l'approche des fêtes de fin d'année.

«Je n'ai pas encore reçu les détails de l'explosion de Nairobi mais il est fort probable que les shebab soient à l'origine de l'incident», a estimé mardi le général Kale Kayihura, qui a de nouveau appelé à la vigilance.

«Nous pouvons et nous devons travailler ensemble (avec la police kényane) pour empêcher d'autres attaques (...)», a-t-il plaidé.

Le chef de la police kényane a cependant estimé qu'il était prématuré de lier ces menaces d'attentats à l'explosion de lundi à Nairobi.

Le 11 juillet, des attentats à la bombe contre deux restaurants de Kampala qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football avaient fait 76 morts. Ils avaient été revendiqués par les insurgés somaliens shebab qui se réclament d'Al-Qaïda, affirmant avoir agi en représailles au déploiement à Mogadiscio de 8000 militaires ougandais et burundais d'une force de paix africaine (Amisom) en soutien au gouvernement de transition (TFG).

Mardi matin, la police kenyane avait «renforcé» ses patrouilles dans tout Nairobi et «particulièrement près des rues fréquentées et des stations de bus», a expliqué le patron de la police de Nairobi, Njoroge Ndirangu: «nous ne voulons pas qu'une telle attaque se reproduise».

A cette époque, de nombreux habitants se rendent en province pour les vacances alors qu'arrivent en masse dans le pays des touristes étrangers pour profiter des safaris et de la saison chaude sur la côte de l'océan Indien.

Début décembre, trois officiers de police avaient été tués à Nairobi lors de deux attaques séparées à la grenade et au pistolet.

Le motif de ces attaques reste pour le moment inconnu mais les autorités ont demandé l'aide du Federal Bureau of Investigation (FBI) américain et ont arrêté les jours suivants des centaines de personnes dans le quartier somalien d'Eastleigh.

Le Kenya compte une importante minorité d'origine somali et accueille des dizaines de milliers de réfugiés somaliens, chassés de leur pays par la guerre civile.

En août 1998, des attaques-suicide menées par Al-Qaïda contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es-Salaam (Tanzanie) avaient fait 224 morts.