Laurent Gbagbo doit abandonner la présidence de la Côte d'Ivoire à Alassane Ouattara «avant la fin de la semaine» ou il fera l'objet de sanctions de l'Union européenne et pourrait être poursuivi par la Cour pénale internationale, a déclaré Nicolas Sarkozy.

«Ce qui se passe en Côte d'Ivoire est parfaitement inadmissible», a estimé M. Sarkozy lors d'une conférence de presse de fin de sommet de l'Union européenne à Bruxelles.

«Laurent Gbagbo et son épouse (Simone, NDLR) ont leur destin entre leurs mains. Si, avant la fin de la semaine, ils n'ont pas quitté le poste qu'il occupe, Laurent Gbagbo, en violation de la volonté du peuple ivoirien, ils seront nommément sur la liste des sanctions», a-t-il dit. Ils risquent notamment un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager à l'étranger. «Il n'y a pas d'autre possibilité pour M. Gbagbo que de quitter à brefs délais un pouvoir qu'il usurpe», a-t-il martelé.

Alors que la commission électorale indépendante ivoirienne a déclaré Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle du 28 novembre et que ce résultat a été validé par les Nations unies et l'Union africaine, le Conseil constitutionnel a annulé une partie des résultats et déclaré Laurent Gbagbo réélu. Des affrontements entre forces de sécurité et partisans de l'opposition jeudi à Abidjan et dans d'autres villes du pays ont fait au moins 20 morts, dont dix policiers, selon le camp Gbagbo, et jusqu'à 30 morts selon l'opposition.

«En violation de la volonté du peuple ivoirien, qui avait déjà été privé d'élections pendant dix ans, M. Gbagbo se maintient au pouvoir, ses partisans tirent -on ne sait pas le nombre de morts mais il y a eu des morts dans les rues d'Abidjan hier: c'est un scandale», s'est indigné Nicolas Sarkozy.

Si le président ivoirien sortant refuse de partir et «veut laisser l'image de quelqu'un qui a fait tirer sur des civils parfaitement innocents, dans ce cas-là il y a des juridictions internationales comme la Cour pénale», a-t-il souligné.

Moscou appelle au calme

La Russie a appelé les parties en conflit en Côte d'Ivoire à s'abstenir de violence, au lendemain d'affrontements meurtriers entre partisans des deux prétendants à la présidence, Laurent Gbagbo et Alassanne Ouatarra.

«Nous sommes très préoccupés par cette montée de violence (...) et appelons résolument les parties ivoiriennes à s'abstenir de tout acte de violence», a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Moscou se prononce pour «la recherche d'une solution politique pacifique qui permettrait de débloquer la crise actuelle et trouver une formule de règlement pour assurer une réconciliation nationale», indique le communiqué.

La semaine dernière, la Russie avait bloqué plusieurs jours une déclaration conjointe des quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Côte d'Ivoire

«Tous au Conseil de sécurité ont dit au diplomate (russe) que nous devions faire quelque chose. Les pays africains disent que si Gbagbo reste, la violence pourrait surgir», avait alors indiqué à l'AFP un diplomate à l'ONU.