Les autorités soudanaises ont annoncé avoir interpellé mardi 52 personnes, dont 46 femmes, qui voulaient manifester à Khartoum contre le sort d'une femme fouettée par des policiers et dont les images chocs circulent sur internet.

Les manifestants ont été appréhendés par la police et les services de sécurité en fin de matinée dans le centre-ville de la capitale, aux abords du ministère de la Justice et emmenés au commissariat de Khartoum-Nord où ils sont restés en cellule pendant plusieurs heures avant d'être relâchés.

«Elles ont été accusées en vertu des articles 67, 68, 69 et 77 du code pénal soudanais», soit trouble à l'ordre public et entrave au travail des forces de l'ordre, a déclaré l'avocat des femmes interpellées, Kamal Omar.

Un journaliste de l'AFP avait dénombré entre 30 et 40 personnes interpellées lors du coup de filet, mais la police de Khartoum a précisé tard mardi soir dans un communiqué avoir arrêté 46 femmes et six hommes qui ont manifesté «illégalement».

Des policiers, ou des agents des services de sécurité, ont en outre donné un coup de pied au correspondant permanent de la BBC, qui est tombé, et lui ont confisqué son microphone et son enregistreur.

Les manifestants souhaitaient transmettre une lettre au ministère de la Justice pour dénoncer le sort d'une femme fouettée en pleine rue avec vigueur par des policiers soudanais et dont les images chocs ont fait le tour du monde via le site internet YouTube.

La vidéo montre une jeune femme, vraisemblablement soudanaise, agenouillée, criant et gémissant alors que des hommes vêtus de l'habit bleu poudre traditionnel des policiers soudanais la fouettent de la tête aux pieds.

On ignore pour quelle raison elle a été fouettée. Le pouvoir judiciaire a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête sur cette affaire.

Différents articles du code pénal soudanais de 1991, imposé deux ans après le coup d'État d'Omar el-Béchir, soutenu par les islamistes, prévoient des coups de fouet contre les comportements jugés «indécents».

«Cette femme a été punie en vertu de la charia, la loi islamique, mais il y a eu une erreur dans la manière dont la peine a été infligée», a déclaré à la chaîne privée Nil Bleu, Abdel Rahmane al-Khidir, gouverneur de l'État de Khartoum et haut responsable du parti du Congrès national au pouvoir.

«Nous ne permettrons pas à qui que ce soit d'utiliser cette affaire à des fins politiques», avait-il toutefois prévenu.