Le gouvernement de Laurent Gbagbo, l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, a accusé samedi des diplomates «occidentaux» à Abidjan de chercher à «déstabiliser» le régime en tentant de faire basculer des militaires dans le camp de son rival Alassane Ouattara.

«Depuis quelques jours, des membres civils et militaires de certaines chancelleries occidentales à Abidjan ont entrepris d'approcher discrètement et individuellement des officiers généraux de notre armée nationale pour les persuader de faire allégeance» à M. Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, a déclaré le ministre de l'Intérieur Émile Guiriéoulou dans un communiqué lu à la télévision publique.

«Les mêmes démarches ont été entreprises auprès des responsables des organes de régulation» et des dirigeants des médias d'Etat, a-t-il poursuivi.

Leur but est de «trouver des militaires, gendarmes et policiers» qui soutiendraient M. Ouattara et d'«associer les médias d'État à une entreprise de déstabilisation et de désagrégation de la paix et de la cohésion sociale», a assuré le ministre.

Le gouvernement «ne saurait tolérer plus longtemps d'immixtion de quelque diplomate, quel que fût son rang, dans les affaires intérieures» ivoiriennes, a-t-il averti.

La Côte d'Ivoire est dans la tourmente depuis la présidentielle du 28 novembre : M. Ouattara a été désigné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages, mais le Conseil constitutionnel, acquis à M. Gbagbo, a invalidé ces résultats et proclamé le sortant président avec 51,45%.

Les deux hommes ont depuis lors formé chacun leur propre gouvernement. Le Premier ministre de M. Ouattara, le chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, a appelé jeudi l'armée à se placer sous l'autorité de l'ex-opposant.