Un haut responsable du Front Polisario a appelé mardi l'ONU à une «intervention urgente» pour mettre fin à «la politique d'épuration ethnique» menée par le Maroc au Sahara Occidental.

Le secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, non reconnue par l'Onu mais par l'Union Africaine) Mohamed Abdelaziz a appelé l'ONU à «intervenir d'urgence pour mettre fin à la politique d'épuration ethnique que mène le gouvernement marocain».

Dans un message relayé par l'agence algérienne APS, il demande aussi d'«élargir les prérogatives de la MINURSO pour englober le contrôle des droits de l'Homme» dans l'ex-colonie espagnole.

La mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) y est présente depuis 1991 avec 224 militaires et 276 civils.

Se référant à la suite du démantèlement de Gdeim Izik, campement rebelle de Sahraouis dans les environs de Laâyoune le 8 novembre, M. Abdelaziz a fait état de «pratiques colonialistes graves» qui s'apparentent «à une politique d'épuration ethnique contre les citoyens sahraouis sans défense».

Le démantèlement du campement s'est soldé selon Rabat par 13 morts, essentiellement des membres de ses forces de l'ordre. Le Polisario a fait état de «dizaines de morts» sans préciser leur identité.

«Nous nous adressons à vous avec insistance demandant votre intervention  dans les plus brefs délais pour sauver les vies sahraouies innocentes et mettre un terme aux pratiques d'un autre âge et à de graves violations des droits de  l'Homme», a affirmé M. Abdelaziz.

Il a aussi demandé l'envoi «le plus vite possible d'une mission d'enquête onusienne sur les circonstances du crime de Gdeim Izik».

À Rabat, les députés ont voté le 29 novembre la création d'une commission d'enquête parlementaire sur ces «événements», une première.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par Rabat. Le Polisario, soutenu notamment par l'Algérie, réclame un référendum d'autodétermination, sous l'égide de l'ONU, qui laisserait aux Sahraouis le choix entre trois options: rattachement au Maroc, indépendance, ou autonomie sous souveraineté marocaine. Rabat ne propose qu'une large autonomie.