L'inscription des Sud-Soudanais sur les listes électorales en vue du référendum d'indépendance de janvier commence lundi à travers le pays et dans la diaspora, un premier pas concret vers ce scrutin historique qui pourrait mener à la partition du plus vaste pays d'Afrique.

Environ cinq millions de Sud-Soudanais sont appelés à s'inscrire, de lundi au 1er décembre, sur les listes d'un scrutin très attendu, véritable sésame pour les Sudistes mais laissant déjà un goût amer aux Nordistes qui craignent l'implosion du pays.

La commission référendaire a mis sur pied 2794 centres d'inscription à travers le pays, 2629 au Sud-Soudan et 165 au Nord-Soudan. Les Sudistes vivant au Nord-Soudan, dont le nombre oscille entre 500 000 et deux millions selon les estimations, ont le droit de participer au référendum.

L'ONU a fourni une aide logistique à la commission en acheminant le matériel d'inscription, dont les formulaires, à travers le pays et surtout dans des régions éloignées.

«Nous sommes prêts.... Il y aura peut-être des délais ici et là, mais nous avons été en mesure de distribuer à la commission le matériel nécessaire à temps», explique Denis Kadima, directeur de la division référendaire et électorale de l'ONU (Unired).

La commission électorale a embauché plus de 10 000 personnes - environ trois employés par centre d'inscription, plus le personnel administratif - afin de procéder à l'inscriptin des électeurs qui se fait essentiellement sur des bases ethniques.

«Les employés sont déjà en poste dans les centres d'inscription», a assuré Mohamed Ibrahim Khalil, président de la commission référendaire, lors d'une conférence de presse à Khartoum.

Si la logistique est en place pour l'inscription des électeurs, la question de savoir qui peut voter est loin d'être claire et pourrait compliquer la tâche des employés de la commission.

Les personnes âgées de plus de 18 ans membres d'une tribu établie au Sud-Soudan avant ou au premier janvier 1956, date de l'indépendance du Soudan et de la fin du condominium anglo-britannique, ont le droit de vote. De même les personnes ne vivant pas au Sud-Soudan mais ayant un ancêtre membre d'une tribu établie avant ou depuis janvier 1956 au sud du pays.

Enfin, les personnes n'appartenant pas à une tribu du Sud-Soudan, mais ayant vécu sans interruption dans le sud depuis 1956 ont aussi le droit de vote.

Or la commission référendaire n'a pas défini de listes des tribus du Sud-Soudan, peu de sudistes ont des documents prouvant leur origine, et un nombre indéterminé de nordistes ont des ancêtres au Sud-Soudan.

L'inscription devrait néanmoins aller bon train au Sud-Soudan, estiment les responsables, mais la situation pourrait se compliquer au Nord-Soudan. «Nous ne savons pas à quel point les employés ont assimilé les critères du droit de vote au Nord et seront en mesure de les appliquer», poursuit M. Kadima.

Un délai dans le calendrier d'inscription des électeurs pourrait provoquer un report du référendum prévu le 9 janvier, sujet explosif au Soudan où la méfiance demeure ancrée entre Nordistes et Sudistes qui ont mis fin en 2005 à plus de deux décennies d'une guerre civile à l'origine de deux millions de morts.

L'Organisation internationale des migrations (OIM) doit encadrer l'inscription de la diaspora dans huit pays  (Australie, Canada, Égypte, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Grande-Bretagne et les États-Unis).

Mais en Égypte, l'inscription sera «retardée» car les autorités n'ont pas encore donné le feu vert à l'OIM, a indiqué la commission. L'inscription aux États-Unis et en Australie connaîtra aussi des «délais» car la diaspora dans ces pays a demandé l'ajout de centres d'inscription, a dit M. Khalil.