Le président de la transition en Guinée, le général Sékouba Konaté, a fixé mercredi au 7 novembre la date du second tour de la présidentielle, au terme d'une journée d'âpres tractations, quatre mois après le premier tour et une série de violences politico-ethniques dans l'Est.

La date du 7 novembre a été fixée par décret présidentiel, lu à la télévision d'État.

Un accord avait été trouvé dans la soirée au palais présidentiel où le général Konaté avait réuni les deux candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Étaient également présents pour cette nouvelle consultation l'envoyé spécial du médiateur Blaise Compaoré, le général burkinabè Ali Traoré, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI), le général malien Siaka Sangaré ainsi que des personnalités religieuses.

«Il a été arrêté la date du 7 novembre, il s'agit là d'une date consensuelle, irrévocable (...), j'ose le croire la toute dernière date pour ce scrutin tant attendu par le peuple guinéen», a déclaré le président de la CÉNI à la télévision publique.

Les deux candidats, qui se sont serrés la main à l'occasion de cette réunion, ont en outre accepté de mener une «tournée de sensibilisation» jeudi «dans les préfectures de Mamou (centre), Kissidougou et Siguiri (est) touchées pour par des scènes de violences», selon un reportage télévisé. Des personnalités gouvernementales et religieuses les accompagneront.

«Une démarche initiée et souhaitée par le président de la transition afin de rapprocher davantage les candidats et d'indiquer à leurs partisans qu'ils sont condamnés à travailler et à vivre ensemble», a souligné le commentaire de la télévision d'État.

Le candidat Alpha Condé, opposant historique qui avait obtenu 18% des suffrages le 27 juin, souhaitait que le scrutin ait lieu dès dimanche 31 octobre, comme l'avait proposé mardi la CÉNI.

Mais le candidat Cellou Dalein Diallo, favori du scrutin après avoir obtenu 43% des voix au premier tour, demandait un délai d'une semaine supplémentaire, le temps de «restaurer la paix» et «la confiance entre les communautés» dans des villes de l'Est.

Il avait notamment fait valoir que de nombreux électeurs peuls avaient fui leur domicile après des violences en fin de semaine.

Ainsi, à Siguiri, un commerçant peul avait été tué par des assaillants. Et, des témoins de différentes ethnies avaient rapporté que de «beaucoup de boutiques» tenues par des Peuls y avaient été saccagées. Selon des habitants, des assaillants criaient : «vous avez empoisonné nos parents (à Conakry), on va vous chasser», une allusion à une rumeur partie vendredi de Conakry accusant «les Peuls» d'avoir délibérément «empoisonné» des boissons distribuées à des militants du parti d'Alpha Condé.

Au nom de la coalition «Cellou Dalein Diallo président, Sidya Touré avait souhaité «l'envoi de délégations gouvernementales» dans les villes troublées de Haute-Guinée et de Guinée forestière pour apaiser la situation. Sinon, avait-t-il souligné, «nos représentants dans les bureaux de vote risquent de ne pas se présenter le jour du vote» dans ces villes.

Le candidat Condé a finalement accepté un délai pour le vote, alors que son porte-parole, François Lonsény Fall, avait déclaré dans la matinée: «Il faut prioritairement aller aux élections (dimanche) et ensuite nous procéderons à la réconciliation nationale souhaitée par tous».