De nouveaux cas de violence politico-ethnique en Guinée ont été rapportés dimanche par des témoins, en dépit des appels au calme lancés la veille par les deux candidats à la présidentielle et celui du général Sékouba Konaté, président de la transition, à «l'unité de la Nation».

Divers témoins ont rapporté à l'AFP que des affrontements avaient opposé dimanche des Guinéens d'ethnies malinké et peule dans la ville de Kissidougou (sud-est de la Guinée), où des boutiques ont selon eux été pillées et plusieurs personnes blessées.

«Beaucoup de magasins tenus par des Peuls ont été saccagés», a ainsi affirmé un entrepreneur d'ethnie malinké, interrogé depuis Conakry. Il a affirmé qu'au moins deux personnes avaient été blessées, «un jeune de 15 ans, malinké, blessé à la main par un tir, et un policier».

Un habitant, d'ethnie peule, a affirmé de son côté que «des partisans du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, parti du candidat à la présidentielle Alpha Condé) avaient attaqué un boutiquier à la gare routière et pillé son commerce. (...) Puis il y a eu des bagarres et des blessés. Quatre magasins ont été vandalisés».

Ces derniers jours, le pays avait déjà connu des accrochages entre partisans des deux candidats au second tour de la présidentielle - Alpha Condé (malinké) et Cellou Dalein Diallo (peul) - mais également des agressions visant spécifiquement des Peuls à Conakry, Siguiri ou Kankan.

Dans la ville de Siguiri, divers habitants ont affirmé qu'un commerçant peul avait été battu à mort, samedi, «au moment des violences perpétrées par des malinkés contre les peuls», et que les assaillants avaient emporté «l'argent et l'or» qu'il détenait. L'AFP n'a pu obtenir de confirmation officielle de ces récits.

Le général Konaté, ex-officier putschiste nommé en janvier pour diriger la Guinée jusqu'aux premières élections libres de son histoire, avait affirmé samedi soir à la télévision d'État: «la Guinée appartient à tous les Guinéens qui doivent se sentir chez eux partout où ils auront choisi de vivre sur notre territoire, un et indivisible, comme notre destin».

«Je n'accepterai pas que des Guinéens se sentent étrangers chez eux ou soient traqués à cause de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique. L'unité de la Nation sera préservée à tout prix», avait-il ajouté, lisant une déclaration, des militaires en armes derrière lui.

Promettant «la tolérance zéro», il avait assuré que «les auteurs, commanditaires ou complices des actes de violences» étaient «de tous les bords».

Samedi, les candidats avaient chacun appelé leurs militants au calme, les exhortant à bannir les tensions entre ethnies.

Le pays attend toujours de connaître la date du second tour de la présidentielle, reporté vendredi.

Le tout nouveau président de la Commission électorale, le général malien Siaka Toumani Sangaré, a indiqué à l'AFP qu'il poursuivait ses consultations, en ayant toujours l'intention d'annoncer «lundi» une nouvelle date pour le scrutin.

Dans une résolution adoptée dimanche à l'issue d'un sommet en Suisse, les chefs d'État et de gouvernement francophones ont souhaité l'organisation de ce second tour «dans les meilleurs délais et dans un climat apaisé».

Le président malien Amadou Toumani Touré avait appelé samedi à être «indulgent» au sujet de la présidentielle en Guinée, en disant: «depuis 50 ans, c'est la première fois que la Guinée organise des élections plurielles. Ils ne sont pas habitués».