Les forces anti-émeute ont dispersé à coups de bâtons samedi à Khartoum des manifestants favorables à l'indépendance du Sud-Soudan qui se sont heurtés à des partisans de l'unité, signe de relations tendues à l'approche du référendum sur l'avenir du plus grand pays d'Afrique.

Ces violences sont survenues au moment où une délégation des ambassadeurs des quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, présidée par l'Américaine Susan Rice, rencontrait des responsables soudanais à Khartoum, au quatrième et dernier jour de sa tournée au Soudan.

Environ 3000 personnes ont manifesté en faveur de l'unité du Soudan près du palais présidentiel, à l'appel des autorités, à trois mois du référendum d'autodétermination du Sud-Soudan, qui pourrait aboutir à la partition du pays.

Une poignée de manifestants sudistes ont exprimé leur préférence pour la sécession, ce qui a enflammé les esprits. «Non à l'unité, oui à la sécession», ont-ils scandé, vêtus de tee-shirts orange ornés du slogan «le référendum est notre chance en or pour l'indépendance».

Les manifestants pro-unité ont poussé les Sudistes hors du rassemblement, et les forces anti-émeutes sont intervenues de façon musclée. Elles ont battu des manifestants sudistes à coup de bâtons, et une partie de la foule en a rajouté.

Des personnes ont donné des coups de poing dans le dos du correspondant de l'AFP et l'ont sommé de quitter les lieux.

«Je suis pour l'unité du pays, pas pour la sécession, nous formons un seul pays», a lancé Abdelbaqir Mohammed Omar, un habitant de Khartoum.

«Si le Sud se sépare, ce sera l'Afrique au complet qui sera à feu», soulignait un autre manifestant, sous un soleil de plomb.

Les relations demeurent tendues entre le Nord et le Sud, à trois mois du référendum prévu le 9 janvier, dans lequel les Sudistes - y compris ceux habitant dans le Nord et la diaspora- sont appelés à choisir entre le maintien de l'unité du pays ou la sécession du Sud.

Les forces soudanaises (nordistes) ont accusé l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan de s'être déployée dans un État nordiste à la lisière du sud. Ce redéploiement «dans l'État du Nil blanc (nord) contrevient à l'accord de paix et menace la tenue du référendum», a dit samedi Ahmed Ibrahim al-Tahir, chef de l'Assemblée nationale, à la tribune de la manifestation.

À quelques encablures de la scène, une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU s'entretenait avec le chef de la diplomatie soudanaise Ali Karti, qui a affirmé à ses interlocuteurs que son pays ne voulait pas «la guerre» mais qu'il n'accepterait pas le résultat référendum en cas d'«ingérences».

Pour sa part, le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, a demandé cette semaine à la délégation de l'ONU de déployer des casques bleus le long de la frontière entre le Sud et le Nord du Soudan, en amont du référendum, ont indiqué samedi des diplomates.

«Aucun engagement n'a été pris, nous lui avons juste répondu que sa demande serait prise en compte», a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat.

«Nous souffrons déjà, nous Soudanais. Et ils (étrangers) veulent encore nous faire souffrir davantage. Qu'ils nous laissent tranquilles», a lancé l'un des manifestants pro-unité à Khartoum, Abdel Majid, accusant l'Occident, en particulier les États-Unis, d'encourager la sécession du Sud-Soudan.