Les patrons du renseignement d'Algérie, Mauritanie, Niger et Mali étaient réunis mercredi à Alger dans la plus grande discrétion pour élaborer un centre commun de renseignement afin de lutter contre l'augmentation des actes terroristes dans la région du Sahara-Sahel.

«L'ambiance est bonne, nous allons terminer cette importante réunion aujourd'hui (...) Il est nécessaire de coordonner nos actions», déclarait dans la matinée par téléphone à l'AFP un membre d'une délégation participant à la rencontre, interrogé par téléphone depuis Bamako.

La réunion sécuritaire a lieu trois jours après celle des chefs militaires des quatre pays à Tamanrasset (sud de l'Algérie) en conseil de comité d'état-major opérationnel conjoint et une dizaine de jours après un nouveau rapt d'étrangers: l'enlèvement au Niger de cinq Français, un Malgache et un Togolais, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Selon la même source, «il est évident» que compte tenu de l'immensité du Sahel, d'autres pays comme le Tchad, la Libye et le Maroc «doivent intégrer le "club". Nous allons faire la proposition».

Mais «l'Algérie a fortement insisté sur la fait que les problèmes de la zone doivent concerner essentiellement les pays de la zone», a affirmé cette source, en soulignant que «tout le monde n'est pas d'accord».

Une source sécuritaire mauritanienne, interrogée à Nouakchott, ne semblait pas avoir tranché: «avec plus de participants ou non, ce qui nous importe, c'est bien un travail efficace et homogène, suivant une stratégie qui ménagerait toutes les susceptibilités».

Deux membres d'un tel «club» élargi entretiennent actuellement des relations très difficiles, Alger et Rabat, notamment à cause du problème du Sahara occidental, rappellent les observateurs.

En revanche, a indiqué le participant à la réunion, il y a accord «sur l'essentiel» et pour «que le centre conjoint de renseignement soit basé à Alger».

De cette initiative à Alger, Nouakchott attend une accélération de l'action conjointe des quatre pays sur le terrain, soulignant qu'elle avait mené, seule, une offensive militaire dans le nord du Mali pour y combattre des unités d'Aqmi du 17 au 19 septembre.

Les renseignements mauritaniens, qui «ont une longue expérience et disposent d'une très grande documentation sur Aqmi», pourraient apporter une contribution appréciable à l'action de lutte envisagée «s'il se dégage de cette rencontre une volonté réelle de jouer franc jeu et d'accélérer la lutte» contre le terrorisme à cette réunion, a commenté la source mauritanienne.

Le quotidien algérien Liberté ajoutait mercredi un problème aux efforts du Niger, Mali, Algérie et Mauritanie pour pour unir efficacement leurs efforts: l'influence «des pays occidentaux soucieux uniquement de leurs propres intérêts». En plus, le journal reproche à l'Occident de ne pas partager avec la sous-région ses renseignements obtenus par des moyens technologiques sophistiqués, telles les photos satellitaires.

À cela s'ajoute également la position de la France au Sahel, où son armée mène une large opération de recherche de ses otages tout en se disant prête à négocier.

Paris avait été dans le collimateur d'Alger lors de la libération en février de l'otage Pierre Camatte, détenu durant trois mois. Sa libération avait suivi celle, exigée par Al-Qaïda, de quatre islamistes - deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien - arrêtés en avril 2009 dans le nord du Mali où ils étaient détenus.

Les sept otages, qui seraient détenus dans le désert aux confins de l'Algérie et du Mali, sont «en vie», a indiqué mardi une source malienne impliquée dans les négociations.