Le patriarche de l'Église copte d'Égypte, Chenouda III, s'est dit dimanche «désolé» que les musulmans égyptiens aient été heurtés par les propos d'un évêque, qui a suggéré que certains versets du Coran y avaient été insérés après la mort du prophète Mahomet.

«Je suis vraiment désolé que les sentiments de nos frères musulmans aient été blessés», a-t-il déclaré dans une longue interview accordée à la télévision publique.

L'évêque Bishoy, un haut dignitaire de l'Église copte, a récemment déclaré au cours d'une réunion avec l'ambassadeur d'Égypte à Chypre, qu'il croyait que certains versets, en contradiction avec la foi chrétienne, avaient été ajoutés après la mort de Mahomet par l'un de ses successeurs.

Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles que Dieu a révélées au prophète Mahomet par le biais de l'archange Gabriel sur une période de 23 ans, jusqu'à sa mort. Dire que certains versets ont été ajoutés a posteriori met ainsi en doute leur validité.

«Le simple fait d'évoquer cette question est inapproprié, et amplifier (cette question) est aussi inapproprié», a estimé le patriarche copte.

«Le dialogue religieux doit se faire sur les points en commun (...). Le dialogue doit se faire dans l'intérêt du pays. On ne devrait jamais discuter des différences théologiques», a-t-il encore dit.

Les propos de l'évêque ont suscité de vives réactions chez les dirigeants chrétiens et musulmans qui ont dit craindre des tensions communautaires. L'évêque Bishoy a affirmé avoir été mal compris.

Samedi, le grand imam d'Al-Azhar, cheikh Ahmad al-Tayyeb, s'est dit «choqué» par ces propos, qu'il a qualifiés d'«irresponsables».

Les questions religieuses restent un sujet très sensible en Égypte, pays de 80 millions d'habitants qui compte de 6 à 10% de Coptes et où les tensions latentes donnent parfois lieu à de violents incidents entre musulmans et chrétiens.