Le vice-président soudanais, Ali Osmane Taha, a annoncé vendredi devant l'ONU que son gouvernement accepterait le résultat du référendum prévu en janvier qui va vraisemblablement consacrer la séparation du Soudan en deux États.

Le vice-président, qui s'exprimait à l'occasion d'un sommet consacré au Soudan au siège de l'ONU à New York, a souligné que l'unité était l'option privilégiée, mais il a reconnu le droit «du peuple du sud de choisir autrement».

«Nous faisons face à nos responsabilités. Le résultat du référendum sera accepté par notre gouvernement», a-t-il dit.

Peu avant, le président des États-Unis Barack Obama avait exigé que le référendum s'effectue dans le calme et à la date prévue, et affirmé que les habitants du Soudan «ont besoin de la paix».

Outre M. Obama, les présidents rwandais, éthiopien, kényan, ougandais, gabonais, les vice-présidents soudanais, le premier ministre néerlandais, le vice-premier ministre britannique, les ministres des Affaires étrangères du Canada, de France, d'Allemagne, de Norvège, d'Inde, d'Égypte, du Brésil et du Japon prenaient part à ce sommet.

Ces dirigeants veulent par leur présence témoigner de la solidarité de la communauté internationale à un peu plus de 100 jours d'un référendum qui verra le Sud-Soudan choisir entre l'unité avec le nord ou l'indépendance.

Selon les observateurs, l'indépendance devrait largement l'emporter lors du référendum du 9 janvier dans cette région chrétienne et animiste éprouvée par une guerre de 20 ans contre Khartoum.

«À l'heure actuelle, le sort de millions de personnes est en jeu. Ce qui se produira au Soudan dans les jours qui viennent pourrait décider si ces gens qui ont souffert de trop de guerres avancent vers la paix ou retombent dans un bain de sang», a encore dit M. Obama.

«Ce qui se passe au Soudan est important pour toute l'Afrique subsaharienne et important pour le monde entier», a-t-il dit.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi souligné que le référendum devait être «pacifique» et «exempt de toute intimidation».

«Les enjeux sont élevés pour le Soudan, pour l'Afrique et pour la communauté internationale», a-t-il ajouté. «Nous attendons des deux parties qu'elles acceptent les résultats».

«Les Soudanais ne peuvent pas se permettre une reprise du conflit, nous devons tous les aider à trouver une voie pacifique dans l'un des épisodes les plus importants de l'histoire de leur pays», a-t-il ajouté dans une référence à deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud qui a fait quelque 2 millions de morts avant de se terminer sur un accord de paix en 2005.

Le référendum faisait partie de l'accord de paix de 2005.

Les diplomates soulignent que la préparation du scrutin a pris beaucoup de retard. Nombre de dirigeants du monde craignent que si le vote est retardé, le Sud-Soudan ne déclare une indépendance unilatérale, déclenchant un nouveau conflit.

Certains diplomates estiment que le président soudanais Omar el-Béchir a délibérément traîné les pieds dans l'organisation du référendum.

Un deuxième référendum organisé en même temps concerne la petite zone d'Abyei qui devra choisir entre le nord et le sud.

Le Soudan est un pays producteur de pétrole, essentiellement exporté en direction de la Chine. Sa position stratégique en Afrique, à proximité de la Somalie et de la République démocratique du Congo (RDC), renforce les craintes à propos du référendum, de même que le conflit au Darfour qui dure depuis près de sept ans dans l'ouest du Soudan.