La France a été frappée à deux reprises en une semaine par des prises d'otages visant des expatriés en Afrique de l'Ouest, avec l'enlèvement dans la nuit de mardi à mercredi de trois marins au large du Nigeria, survenant après celui de cinq personnes dans le Niger voisin.

Les trois Français ont été enlevés après l'attaque de leur navire sur un champ pétrolier au large du Nigeria, a annoncé mercredi l'exploitant du bateau, le groupe français de services maritimes Bourbon.

Les treize autres membres d'équipage sont restés à bord et «aucun blessé n'est à déplorer», a ajouté Bourbon, qui n'a pas précisé leur nationalité.

Le groupe a déjà été plusieurs fois confronté à des affaires d'enlèvement au Nigeria, où le phénomène est courant: en août et en octobre 2008, des Français avaient déjà été capturés au large du Cameroun et du Nigeria. Ils avaient dans les deux cas été relâchés peu après leur enlèvement.

Des centaines de personnes, la plupart liées au secteur pétrolier, ont été enlevées dans le Delta du Niger ces dernières années par des groupes armés, et dans la très grande majorité des cas la libération des otages a donné lieu au paiement d'une rançon.

Le ministre de la Défense Hervé Morin a d'ailleurs affirmé mercredi que l'enlèvement relevait a priori d'«un acte de piraterie classique» dans le golfe de Guinée, où ce type d'incidents est fréquent.

Il semble donc très différent de l'attaque au Niger, qui a pris pour cible à leur domicile dans la nuit du 15 au 16 septembre cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour la plupart des collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), à Arlit dans le nord du Niger. Il a été revendiqué mardi par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Les otages, que l'armée française tente depuis plusieurs jours de localiser, seraient désormais retenus dans le nord-est du Mali, dans une zone montagneuse du désert, adossée à l'Algérie, d'après différentes sources dans la région. Selon Paris, il y a de «bonnes raisons» de penser qu'ils sont toujours en vie.

«Nous informons le gouvernement français que les Moujahidine vont lui transmettre ultérieurement leurs demandes légitimes», a précisé sur la chaîne de télévision Al-Jazira un porte-parole d'Aqmi, qui annonce de futures revendications politiques.

Un otage français enlevé au Mali, Pierre Camatte, avait été relâché fin février par Aqmi, qui avait obtenu la remise en liberté de quatre islamistes détenus au Mali. Mais Aqmi avait annoncé avoir exécuté fin juillet un autre otage Français, Michel Germaneau, après l'échec d'un raid franco-mauritanien.

Le premier ministre François Fillon a d'ailleurs évoqué fin juillet une véritable «guerre contre Al Qaïda».

Avec l'adoption, le 14 septembre, d'une loi interdisant le voile islamique intégral dans l'espace public, la participation du contingent français aux opérations en Afghanistan, l'attaque franco-mauritanienne en juillet d'une base d'Aqmi, les griefs potentiels des extrémistes musulmans contre Paris ne manquent pas.

Le groupe Air France a d'ailleurs annnoncé mercredi avoir pris de nouvelles mesures «spécifiques» pour renforcer la sécurité de ses personnels navigants et au sol dans cinq pays du Sahel et d'Afrique de l'ouest.

Au-delà de ces enlèvements, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a confirmé lundi que la menace terroriste en France était «réelle», alors que les services de renseignement évoquent «une menace imminente d'attentat».

Au total, onze Français sont actuellement détenus en otages à l'étranger: les huit déjà évoqués, deux journalistes en Afghanistan et un agent des services de renseignements en Somalie.