Le procureur du tribunal d'Aïn el Hammam, dans l'est de l'Algérie, a requis mardi trois ans de prison ferme contre deux chrétiens jugés pour n'avoir pas jeûné lors du ramadan.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, insistant sur le fait qu'aucune loi n'interdit aux citoyens de rompre le jeûne pendant le mois de ramadan. «L'Algérie a ratifié des conventions internationales de liberté de culte. C'est une violation pure et simple de la Constitution», a notamment déclaré Me Mokrane Ait Larbi.

Le jugement sera rendu le 5 octobre.

«Je suis optimiste», a déclaré à l'AFP l'un des deux accusés, Hocine Hocini, à sa sortie du tribunal, ajoutant: «Je n'ai pas de regret, je suis chrétien et je l'assume».

Âgé de 44 ans et père d'une fillette d'un mois, ce journalier a été interpellé par la police le 13 août avec un collègue, Salem Fellak, 34 ans, alors qu'ils venaient de finir de manger dans un lieu discret sur un chantier, selon leur version.

Ils avaient été déférés immédiatement devant la justice. Inculpés d'atteinte à un précepte de l'islam, ils ont été laissés en liberté.

Des centaines de personnes s'étaient rassemblées mardi devant devant le tribunal pour soutenir les accusés, criant des slogans hostiles à la justice, a constaté le correspondant de l'AFP.

Venu soutenir les deux hommes contre des accusations selon lui «dérisoires», le président de l'Église protestante d'Algérie, le pasteur Mustapha Krim, a déclaré «s'inquièter» pour les chrétiens d'Algérie.

Il évalue les seuls protestants à 30 000, surtout en Kabylie, mais le ministère des Affaires religieuses estime à 11 000 le total des chrétiens pour 35,6 millions d'Algériens.

Selon le Collectif SOS Libertés, une dizaine de personnes doivent répondre le 8 novembre devant le tribunal d'Akbou (petite Kabylie) de la même accusation d'avoir interrompu le jeûne musulman et deux jeunes gens, arrêtés en «flagrant délit de consommation de denrées alimentaires», ont été placés sous mandat de dépôt à Tébessa (est).