Le second tour de l'élection présidentielle, prévu dimanche en Guinée, a été reporté à une date qui reste à déterminer, la Commission électorale ayant reconnu qu'il lui fallait encore deux semaines pour être totalement prête.

«Il y a report», a déclaré le porte-parole de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Thierno Ceydou Bayo, à l'issue d'une réunion avec le premier ministre et les deux candidats en lice.

Il a évalué à «deux semaines» le temps nécessaire pour une bonne préparation du scrutin, après un premier tour le 27 juin marqué par des fraudes et des irrégularités.

La date de ce second tour devra être fixée par le gouvernement dirigé par Jean-Marie Doré et approuvée par le président du régime de transition, le général Sékouba Konaté.

M. Bayo a précisé qu'une des raisons du report était liée à l'attente de quelque 465 000 nouvelles cartes d'électeurs numérisées venant d'Afrique du Sud, dont l'arrivée à Conakry n'est prévue que «dans la nuit de dimanche à lundi». Elles devront ensuite être distribuées dans les régions.

Cette annonce du porte-parole est intervenue à l'issue d'un exposé fait par les dirigeants de la Céni sur l'avancée de l'organisation du second tour à M. Doré, aux deux candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, au Conseil national de transition (faisant office de Parlement) et aux observateurs internationaux.

Cellou Dalein Diallo, favori avec 43,69% des voix au premier tour était contre un report. Le camp d'Alpha Condé (18,25%) assurait de son côté que des dysfonctionnements au sein de la Céni ne permettaient pas l'organisation d'élections transparentes.

Après cet exposé, un proche de M. Diallo, Mamadou Baadiko, a affirmé «qu'on ne peut pas rester dans le tunnel du report», car «la population attend» de pouvoir voter.

Mais dans le camp d'Alpha Condé, François Lonsény Fall a noté qu'il «est évident que rien n'est prêt».

La campagne électorale avait été suspendue et le gouvernement avait interdit les manifestations de rue après des violences entre partisans des deux candidats qui ont fait un mort et 50 blessés durant le week-end.

Avant l'exposé de la Céni, le général Konaté avait tenu à s'adresser à ses troupes à Conakry pour réaffirmer la neutralité de l'armée. «Celui qui sera élu, l'armée se mettra à sa disposition», a-t-il déclaré devant des centaines de soldats réunis au camp militaire Alpha Yaya Diallo, en présence de Jean-Marie Doré.

À la veille de l'annonce du report, le secrétaire général de la présidence, Tibou Kamara, avait fait savoir que Sékouba Konaté souhaitait que le scrutin ait bien lieu dimanche comme prévu mais qu'il s'en remettrait à l'avis «des uns et des autres».

L'alliance qui soutient Cellou Dalein Diallo avait haussé le ton mardi, réclamant la démission du premier ministre, accusé de soutenir «le camp adverse». Elle s'était catégoriquement opposée à un report, laissant entendre que si le scrutin était repoussé, elle pourrait avoir du mal «à contenir» ses partisans.

Les partisans d'Alpha Condé ont, quant à eux, réaffirmé leur soutien à Jean-Marie Doré. Ils estiment qu'il n'est pas nécessaire de se précipiter pour aller à ce second tour, préférant un report qui permettrait d'éviter les fraudes et irrégularités du premier tour.

La star ivoirienne du reggae, Tiken Jah Fakoly, devait donner mercredi soir à Conakry, avec d'autres musiciens ouest-africains, un concert «pour la paix et l'apaisement» en Guinée. Mais il a décidé de le reporter à la semaine prochaine.