Le Rwanda retirera ses 3 550 soldats de la paix au Soudan si l'ONU publie un rapport accusant Kigali de crimes en République démocratique du Congo (RDC) de 1996 à 1998, a averti mardi le porte-parole de l'armée rwandaise.

«Les Forces de défense rwandaise (RDF) ont finalisé un plan urgent de retrait de leurs soldats de la paix au Soudan en réponse à une directive du gouvernement si l'ONU publie son rapport outrancier et préjudiciable», a indiqué dans un communiqué le lieutenant-colonel Jill Rutaremara, porte-parole de l'armée.

«Toutes les ressources logistiques et humaines sont en place. Le retrait sera le plus rapide possible», a expliqué le lieutenant-colonel Rutaremara.

«Il s'appliquera à tous les soldats des RDF servant au sein de la mission de paix ONU/Union africaine (Minuad) au Darfour, et de la Mission des Nations Unies au Soudan (Unmis)», précise le communiqué.

Le Rwanda compte 3.300 militaires au sein de la Minuad, et 256 au sein de l'Unmis.

Déployée dans la région en guerre civile du Darfour (ouest), la Minuad compte au total environ 21.800 hommes. L'Unmis dispose quant à elle d'environ 10.000 soldats d'une dizaine de pays dont la mission est de surveiller la mise en oeuvre de l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud Soudan.

Dans une lettre au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Rwanda avait déjà menacé cette semaine de restreindre sa coopération avec l'ONU, à quelques jours de la publication annoncée d'un rapport du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme accusant le Rwanda de crimes de guerre et faits de génocide en RDC de 1996 à 1998.

Un projet de ce rapport, dont l'AFP s'est procuré une copie, détaille les massacres, viols et pillages commis par des militaires de plusieurs pays et notamment du Rwanda au cours des deux guerres qui se sont déroulées dans l'ex-Zaïre.

«Toute initiative qui serait prise sur la base de ce rapport nous obligerait à nous retirer des divers engagements que le Rwanda a pris avec les Nations unies, notamment en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix», avait alors averti la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

Le gouvernement rwandais a jugé ce projet de rapport «malveillant, choquant et ridicule». Il a également accusé les Nations unies d'en avoir laissé publier des extraits afin de détourner l'attention d'une série de viols commis récemment par des rebelles à proximité d'un camp de casques bleus au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC.

Le Rwanda du président Paul Kagame mène depuis plusieurs années une intense politique de lobbying diplomatique au sein des instances et institutions internationales, ayant permis notamment la nomination de plusieurs personnalités rwandaises à des postes à responsabilité.