Le gouvernement kényan a défendu dimanche sa récente incapacité à arrêter le président du Soudan sur lequel pèsent des chefs d'accusation internationaux de crimes de guerre et de génocide, en raison des intérêts stratégiques du Kenya dans la région.

L'adjoint du ministre des Affaires étrangères, Richard Onyonka, a déclaré qu'arrêter le président Omar el-Béchir lors de son séjour au Kenya pourrait avoir affecté la paix au Soudan. Selon lui, la stabilité du pays est directement liée au bien-être et à la paix au Kenya.

Onyonka a indiqué que le Kenya a une obligation, en tant que voisin et médiateur dans l'accord de paix, de poursuivre ses relations avec le gouvernement au pouvoir partagé du Soudan afin de préserver la paix.

Il a ajouté que si le Kenya s'est engagé à coopérer avec la CPI, en tant que pays membre de la cour internationale, cet engagement a été remplacé par la décision de l'Union africaine de ne pas arrêter et extrader el-Béchir.

Le Kenya s'est attiré les foudres internationales pour avoir invité el-Béchir à assister à la signature de sa nouvelle constitution vendredi. La Cour pénale internationale (CPI) réclame l'arrestation d'el-Béchir pour avoir prétendument orchestré le génocide au Darfour, une région située au sud du Soudan. La CPI ne possède pas de police et doit donc s'en remettre aux États pour procéder aux arrestations.

Le Soudan se prépare à se prononcer sur un référendum majeur l'an prochain, lors duquel la partie sud du pays pourrait se séparer. Un accord de paix conclu en 2005 a établi le partage des pouvoirs gouvernementaux dans le but de mettre fin à quatre décennies de guerre en dents de scie entre les parties nord et sud soudanaises. L'accord prévoyait également un référendum sur l'indépendance mais les négociations ont à peine débuté et les tensions augmentent.

El-Béchir est le premier chef d'État en poste à être accusé par le premier tribunal de crimes de guerre permanent depuis son établissement en 2002. Il refuse de reconnaître la juridiction de la CPI.

Il a été inculpé en mars 2009 de cinq chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de deux de crimes de guerre, pour avoir prétendument orchestré les atrocités au Darfour. En juillet, la CPI l'a également inculpé de trois chefs d'accusation de génocide, les premiers émis par la cour.