Juste avant de célébrer samedi le cinquantenaire de son indépendance, la Côte d'Ivoire a fixé jeudi au 31 octobre l'élection présidentielle sans cesse reportée depuis 2005 et censée clore la grave crise militaro-politique de 2002.

«Sur proposition de la Commission électorale indépendante (CEI)», le conseil des ministres «a arrêté la date du 31 octobre 2010» pour la convocation du collège électoral, a déclaré le premier ministre Guillaume Soro.

Le gouvernement s'était réuni exceptionnellement dans la capitale politique Yamoussoukro, ville du «père de l'indépendance», le président Félix Houphouët-Boigny (1960-1993).

«Nous continuons d'être engagés à (...) organiser des élections apaisées» pour «sortir de la crise qui n'a bien évidemment que trop duré», a ajouté M. Soro.

Chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord du pays depuis son putsch manqué de 2002, il a dit son «optimisme» face aux «sceptiques», échaudés par les reports successifs du scrutin depuis la fin du mandat du président Laurent Gbagbo en 2005.

Les discussions et contacts entre l'exécutif, la CEI et l'opposition s'étaient multipliés ces derniers jours, afin d'annoncer durant la semaine du cinquantenaire une date, la première depuis le rendez-vous électoral manqué du 29 novembre 2009.

La CEI avait affirmé mercredi qu'octobre était «propice» pour l'élection.

Clôturant jeudi un colloque à Yamoussoukro sur l'indépendance en Afrique, organisé pour le cinquantenaire de cette ex-colonie française célébré samedi par un défilé à Abidjan, le chef de l'État a fait l'éloge de la démocratie et de la règle «un homme, une voix».

Il bouclera en octobre dix ans de pouvoir à la faveur d'un deuxième «mandat» contesté notamment par ses deux principaux rivaux, l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-premier ministre Alassane Ouattara, qui le voient comme le principal obstacle aux élections.

Le 31 octobre est «la date limite» pour la présidence de Laurent Gbagbo, a averti M. Ouattara, interrogé par l'AFP.

«Au-delà, j'ai bien peur que le chaos ne s'installe» en raison du «ras-le-bol de la population», a renchéri Niamkey Koffi, porte-parole de M. Bédié.

Le laborieux processus électoral doit cependant encore franchir des étapes importantes, à commencer par la publication d'une liste définitive des votants, «épine dorsale» du scrutin selon M. Soro.

Une phase de traitement des contentieux sur la liste provisoire de quelque 5,7 millions d'inscrits est en cours.

L'élaboration de ce fichier a donné lieu à de multiples polémiques, à une crise de la précédente CEI - dissoute en février en même temps que le gouvernement par M. Gbagbo, pour des soupçons de «fraude» - et même à des violences meurtrières.

Le camp présidentiel a accusé l'opposition d'avoir truffé la liste de «fraudeurs» à la nationalité, une question qui déchire ce pays de forte immigration depuis une quinzaine d'années.

Pour satisfaire les partisans de M. Gbagbo, une «vérification» spéciale des inscriptions de quelque 850 000 électeurs a en outre été conduite. Entamée le 20 juillet, l'opération - qui pourrait aboutir à des invalidations - a cessé lundi sans que ses résultats définitifs ne soient communiqués.

Enfin, la Côte d'Ivoire doit relever le défi de la réunification, en particulier le désarmement des FN. Ce désarmement n'a connu pour l'heure qu'un timide démarrage à Korhogo (nord), en raison officiellement de problèmes de financement.

Or, selon le dernier accord de paix signé fin 2008, il est censé être achevé deux mois avant le vote.