Le héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela fête dimanche en famille son 92e anniversaire, après le triomphe de l'Afrique du Sud démocratique lors de la Coupe du monde de football.

«À sa sortie de prison, cet homme qui a tellement souffert (...) avait un rêve: voir la Coupe du monde dans son pays», a rappelé cette semaine le président de la Fédération internationale de football, Sepp Blatter. «Et ce rêve est devenu réalité.»

Après avoir passé 27 ans dans les geôles du régime raciste (1962-1990) et cinq années à la présidence de la nouvelle démocratie (1994-1999), Nelson Mandela a été l'un des principaux artisans de l'attribution du Mondial-2010 à l'Afrique du Sud.

«Ce grand rassembleur savait que cet événement contribuerait à souder et à approfondir les sentiments patriotiques de notre jeune démocratie», a rappelé le comité d'organisation des célébrations pour son anniversaire.

La grand messe du ballon rond a en effet «rassemblé les gens de différentes races, couleurs et religion sous la même identité nationale», a ajouté cette structure qui réunit gouvernement et parlement.

La Coupe du monde a donné raison à Nelson Mandela contre ses anciens oppresseurs, relève Verne Harris, historien à la Fondation Mandela.  «Il y avait un discours sous l'apartheid, selon lequel les Sud-Africains noirs ne sauraient jamais gouverner le pays efficacement», rappelle-t-il. «Un tel événement a prouvé que ce n'était pas vrai.»

Malgré son grand âge et le deuil de son arrière-petite-fille, tuée dans un accident de voiture le jour du coup d'envoi, Nelson Mandela a bravé le froid de l'hiver austral quelques instants, pour la finale. Visiblement aux anges, il a fait un tour sur la pelouse du stade de Soccer City à bord d'une voiturette, avant la rencontre-choc Espagne-Pays-Bas (1-0 a.p.).

Une semaine plus tard, il fête son anniversaire chez lui à Johannesburg dans l'intimité familiale. Outre ses proches, seule une centaine d'enfants des villages de son enfance, Mvezo et Qunu (sud), sont invités à la fête.

Mais le monde entier va célébrer cette première «Journée internationale Nelson Mandela», l'ONU ayant décidé en novembre de rendre hommage chaque 18 juillet à son combat pour la paix et la liberté.

Une session informelle de l'Assemblée générale a lieu dès vendredi en son honneur à New York et la mission de l'ONU au Darfour organise un tournoi de foot «pour la paix» à El Fasher.

Hasard de l'histoire, Madrid avait été choisie il y a plusieurs mois par l'organisme de lutte contre le sida, 46664, pour accueillir le concert annuel d'hommage à l'ex-président. Euphorique après la victoire de la Roja, la capitale espagnole devrait réserver une belle fête au champion des droits de l'Homme.

Sous toutes les latitudes, la Fondation Mandela a appelé les citoyens à donner 67 minutes de leur temps à des actions de bénévolat, en référence au nombre d'années qu'il a consacrées à lutter pour l'égalité.

Pour populariser cet appel en Afrique du Sud, des personnalités ont enfourché de grosses motos au départ de Johannesburg. Les engins et leurs cavaliers seront accueillis dimanche au Cap (sud-ouest) par l'Américain Morgan Freeman, qui incarnait Mandela dans le film de Clint Eastwood, Invictus.

Les responsables politiques sud-africains devraient également donner l'exemple: ministres et parlementaires ont promis de retrousser leurs manches dans la province de l'Eastern Cape, où le président Jacob Zuma prononce un discours dimanche dans le village natal de son illustre prédécesseur.