La police ougandaise tentait mardi de remonter la trace des auteurs du double-attentat de dimanche soir à Kampala qui a fait 76 morts pendant la finale du Mondial, aidée par la découverte d'explosifs intacts sur un troisième site.

Les trois explosions dimanche soir, dans deux restaurants bondés de la capitale ougandaise qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football, ont été revendiquées par les islamistes somaliens shebab, en représailles à la présence militaire ougandaise en Somalie.

Le chef de la police ougandaise a annoncé mardi qu'une veste bourrée d'explosifs et munie d'un détonateur, rangée dans une sacoche d'ordinateur portable, avait été trouvée lundi dans un troisième site, une discothèque du sud-ouest de la capitale.

«Nous avons établi que ce qui a été trouvé dans la discothèque était en fait une veste d'explosifs et qu'elle aurait pu être utilisée comme un engin explosif», a expliqué Kale Kayihura.

Le chef de la police a avancé que le poseur de bombe avait peut-être changé d'avis au dernier moment.

Il a ajouté que plusieurs personnes avaient été arrêtées en lien avec cette découverte, sans plus de précisions.

M. Kayihura a en outre estimé que le mode opératoire du double attentat donnait de la crédibilité à la revendication des shebab, tout en pointant aussi du doigt un groupe rebelle ougandais musulman, les Forces démocratiques alliées (ADF).

«Les shebab sont liés à l'ADF. L'ADF est composée d'Ougandais, les shebab et l'ADF sont liés à Al-Qaeda», a-t-il déclaré.

Ces attentats, dont le bilan s'élevait mardi matin à 76 morts, sont les plus meurtriers en Afrique de l'Est depuis ceux ayant visé en 1998 les ambassades des États-Unis au Kenya et Tanzanie.

Ils constituent surtout la première action d'envergure des shebab à l'extérieur de la Somalie, dans la droite ligne de leur adhésion revendiquée à l'idéologie du jihad mondial et de leur voeu d'allégeance à Al-Qaeda.

«Nous sommes derrière cette attaque car nous sommes en guerre avec eux (les Ougandais)», a déclaré lundi à la presse à Mogadiscio le porte-parole des shebab, Ali Mohamoud Rage.

Dans un message audio diffusé le 4 juillet, le chef du mouvement islamiste radical Mohamed Abdi Godane avait explicitement menacé l'Ouganda et le Burundi pour leur participation à la force de paix de l'Union africaine en Somalie, l'Amisom, accusée par le mouvement de la mort de centaines de civils dans les bombardements visant les positions insurgées au coeur de Mogadiscio.

L'Ouganda a été le premier pays à offrir des soldats à l'Amisom en mars 2007. La force, désormais composée de 6 000 hommes pour moitié ougandais et pour moitié burundais, constitue le dernier obstacle au renversement du gouvernement de transition du président Sharif Cheikh Ahmed, élu début 2009.

Malgré leurs assauts répétés, le recours aux attentats et une tactique éprouvée de guérilla, les shebab se heurtent toujours à l'Amisom, qui protège notamment la présidence, le port et l'aéroport.

Le double attentat de dimanche pourrait s'inscrire dans une logique visant à obtenir le départ de ces troupes, en tentant de «retourner» les opinions publiques ougandaise et burundaise contre leurs dirigeants, selon les experts du dossier.

Ces attaques, qui ont endeuillé le bouquet final de la première Coupe du monde organisée en Afrique, ont suscité une vague de condamnations dans le monde.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a ainsi «condamné dans les termes les plus forts les attentats terroristes» de Kampala et affirmé la nécessité de «traduire en justice les auteurs, organisateurs, financiers et commanditaires de ces actes répréhensibles de terrorisme».