L'Afrique du Sud a appelé lundi la police, l'armée et la justice à agir «avec fermeté» contre les auteurs de violences contre des étrangers, après une série d'incidents qui ont fait craindre une résurgence d'attaques xénophobes telles que celles de 2008.

La ministre de la Défense Lindiwe Sisulu et le ministre de la Police Nathi Mthethwa se sont rendus au Cap lundi pour «se renseigner» sur le pillage de boutiques détenues par des ressortissants étrangers, essentiellement africains, dans la province du Western Cape (sud-ouest) pendant le week-end.

«Les criminels doivent savoir que l'on va réagir fermement, qu'on ne les laissera pas propager la peur et le crime, que l'on travaillera dur pour les retrouver et les juger, a déclaré Mme Sisulu, citée dans un document.

La ministre a également ordonné à l'armée et à la police «de se déployer» dans les zones affectées.

«Les gens ne devraient pas avoir peur car nous sommes là, en tant que gouvernement, pour veiller à la sécurité de la population», a renchéri le président Jacob Zuma lors d'une conférence de presse à Johannesburg.

Il a toutefois tenu à minimiser la gravité de la situation. «Les gens ont fui (...) en raison de rumeurs et non parce qu'il y avait quelque chose de concret», a poursuivi M. Zuma.

Des dizaines d'immigrés se sont réfugiés dimanche dans des commissariats de la province, craignant que les pillages ne soient le début d'une nouvelle flambée de violences xénophobes.

En mai 2008, les Sud-Africains pauvres s'en étaient pris à leurs voisins étrangers, essentiellement Zimbabwéens, Mozambicains, Nigérians et Somaliens, les accusant de voler les emplois et de contribuer à la criminalité.

Soixante-deux personnes avaient été tuées et des dizaines de milliers déplacées par ces violences.

À l'époque, le gouvernement du président Thabo Mbeki (1999-2008), le prédécesseur de Jacob Zuma, avait tardé à réagir avant de finalement envoyer l'armée sur les lieux.

Depuis, des attaques isolées et parfois meurtrières ont continué de viser les étrangers. Pour de nombreux analystes, les conditions - pauvreté, criminalité, manque de réaction des autorités et impunité des agresseurs - restent réunies pour de nouvelles violences.

Plusieurs personnalités, dont le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, ont craint récemment un retour des attaques anti-immigrées, une fois retombée l'euphorie de la Coupe du monde qui s'est achevée dimanche soir.