Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé jeudi à Abuja, après un sommet entre huit Etats musulmans, que les sanctions internationales décidées contre son pays n'affecteront pas le programme nucléaire de la République islamique.

«Il n'y aura pas le plus petit changement dans notre programme nucléaire», a-t-il assuré en marge d'un sommet dit du D-8 réunissant dans la capitale administrative du Nigeria huit pays musulmans (Bangladesh, Egypte, Indonésie, Iran, Malaisie, Nigeria, Pakistan et Turquie). Le président turc Abdullah Gül étant notamment présent.

M. Ahmadinejad faisait allusion à un dernier train de sanctions économiques décidées récemment par le Conseil de sécurité de l'ONU pour contraindre l'Iran à arrêter ses efforts dans le domaine nucléaire.

«Ces résolutions ne sont que du papier. Ce qui dictera notre futur est notre détermination», a ajouté le président iranien après avoir participé avec les dirigeants d'autres pays musulmans au sommet dit du D-8, qui a pour objectif de promouvoir la coopération économique entre les Etats membres.

Cette mise au point intervient après des déclarations d'Ali Akbar Salehi, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), qui avait estimé qu'«on ne peut pas dire que les sanctions sont sans effet».

«Les sanctions visent à empêcher les activités nucléaires de l'Iran, mais nous disons que ces sanctions pourraient freiner le travail mais pas l'arrêter. Ca c'est sûr», a-t-il dit.

L'Iran est soupçonné par une partie de la communauté internationale, Etats-Unis et Israël en tête, de mener un programme nucléaire à des fins militaires, ce qu'il dément.

Le 9 juin, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté un quatrième train de sanctions financières et militaires contre l'Iran qui refuse de suspendre ses activités nucléaires sensibles, principalement l'enrichissement d'uranium.

Ces sanctions ont été suivies d'autres imposées unilatéralement par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Selon Ali Akbar Salehi, «concernant la question de l'enrichissement, nous pourrons faire face à des problèmes liés à certains équipements comme les instruments de mesure». Il s'est néanmoins dit confiant que l'Iran pourrait fabriquer sur place l'équipement qu'il ne pourrait se procurer à l'étranger.

La veille, le président iranien avait dénoncé les Etats-Unis qui «se proclament chef du monde et tout le monde devrait savoir que l'autorité auto-proclamée c'est la dictature».

«L'ère de la dictature est terminée», a-t-il ajouté.

Le président américain Barack Obama a promulgué le 1er juillet une nouvelle série de sanctions contre l'Iran. Ces mesures punitives visent à perturber l'approvisionnement en essence, en kérosène et d'autres produits énergétiques raffinés d'Iran, qui ne dispose pas de capacités de raffinage suffisantes.

L'UE vise pour sa part à interdire de nouveaux investissements, transferts de technologies, équipements et services dans le secteur de l'énergie, en particulier liées aux techniques de raffinage du pétrole et de liquéfaction du gaz.

Les pays du D-8, créé en 1997 et dont le siège est à Istanbul, regroupent 930 millions de personnes.

Le sommet s'est achevé sur une déclaration appelant les huit pays membres à libéraliser plus rapidement le commerce mutuel et à coopérer davantage en matière énergétique.

Des dirigeants présents au sommet se sont plaints que peu de progrès aient été accomplis en ce sens.

«Le D-8 n'a pas été capable d'atteindre complètement ses objectifs», a souligné le vice Premier ministre de la Malaisie, Tan Sri Muhyiddin Yassin., notant que l'accord commercial préférentiel n'a été ratifié que par deux Etats membres.

Quant au Nigeria, malgré ses énormes ressources de pétrole et de gaz, il a besoin d'investissents car il ne dispose pas assez d'électricité en raison du mauvais état de ses raffineries.