Le militant congolais des droits de l'homme Floribert Chebeya est mort d'un arrêt cardiaque, après avoir subi de mauvais traitements qui «n'ont pas joué un rôle significatif» dans la survenue de son décès, selon le rapport d'autopsie.

Floribert Chebeya a été retrouvé mort les mains liées dans le dos début juin à Kinshasa. Sa famille soutient qu'il a été «assassiné», et qu'il a subi des «tortures».

L'autopsie, réalisée le 11 juin par des experts néerlandais «n'a pas permis de mettre en évidence une cause anatomique certaine expliquant le décès (...)», indique le rapport, obtenu jeudi par l'AFP.

Ce rapport remis par l'ambassade des Pays-Bas à la famille de Chebeya, conclut «fortement en faveur d'une cause primaire (du décès) impliquant le coeur».

«Des anomalies préexistantes au niveau du muscle cardiaque ont été constatées. L'équipe (de légistes) a noté que des risques de complications augmentent en cas d'accroissement de l'activité cardiaque (effort, stress)», ajoute l'ambassade des Pays-Bas dans un communiqué.

Les experts ont par ailleurs relevé des «lésions cutanées superficielles (...) avec épanchement de sang», sur les poignets, les avant-bras et les jambes du militant.

Ces lésions sont «la conséquence de l'application d'une contrainte externe par enserrement, compression ou chocs», comme un «garrotage serré, la mise en place de liens, des coups, des heurts ou d'autres formes de contrainte mécanique», explique le rapport.

Ces violences «n'ont pas joué un rôle significatif dans la survenue du décès», et ont été commises «entre 10 et 30 minutes» avant celui-ci, est-il précisé.

«L'autopsie prouve que la mort de Floribert a été causée par des actions extérieures. Cela nous conforte dans ce que nous pensions déjà. Il a été tué, il s'agit d'un assassinat par tortures commis par des professionnels», a déclaré à l'AFP Fidèle Chebeya, le frère de la victime.

«Nous voulons savoir maintenant ce qui s'est réellement passé. Pour cela il faut qu'il y ait une enquête indépendante, impartiale, transparente, avec des spécialistes qui viennent de l'étranger, comme pour l'autopsie», a ajouté Annie Mangbenga, la femme de Floribert Chebeya.

Président respecté et connu de l'ONG de défense des droits de l'Homme la Voix des sans-voix (VSV), M. Chebeya, 47 ans, avait disparu le 1er juin avec son chauffeur Fidèle Bazana, après s'être rendus à l'inspection générale de la police à Kinshasa, pour un rendez-vous, qui n'a pas eu lieu, avec le chef de la police, le général John Numbi.

Il a été retrouvé mort le lendemain à l'arrière de sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route en périphérie de la capitale congolaise, alors qu'il ne conduisait jamais.

Des préservatifs, des mèches de cheveux de femme et des comprimés de stimulant sexuel avaient notamment été retrouvés dans la voiture, des éléments qualifiés de «montage grossier» par la famille Chebeya.

Le corps du chauffeur n'a jusqu'ici pas été retrouvé.

«Si Floribert est mort d'un arrêt cardiaque, le chauffeur lui, a probablement été tué par balle, et on a fait disparaître son corps parce qu'il y avait des traces visibles de son assassinat», a déclaré à l'AFP un membre de la VSV, sous couvert d'anonymat.

Une dizaine de policiers ont été arrêtés, dont un colonel chef des services spéciaux, et le chef de la police a été suspendu dans le cadre de l'enquête, confiée depuis peu à la justice militaire.

La mort du président de la VSV avait suscité de vives réactions d'indignation en RDC et à l'étranger.