La colère grondait au Kenya vendredi, après que les parlementaires du pays eurent jugé bon de se verser un salaire annuel de 175 000 dollars. Cette rétribution est jugée exorbitante par plusieurs, dans ce pays où les travailleurs agricoles gagnent seulement 40 dollars par mois.

Le montant total du salaire des membres du parlement inclut des montants dédiés à leur logement, à leurs loisirs, à leurs transports et à leurs dépenses dans la circonscription qu'ils représentent. Les politiciens seront même payés pour leur présence aux assemblées parlementaires.

Ce salaire dépasse celui accordé dans plusieurs parlements d'Europe et égale celui du Congrès américain.

Mais l'économie kényane ne correspond pas à celle des États-Unis ou de l'Europe.

Des centaines de milliers de résidants de Nairobi, la capitale du Kenya, vivent dans des taudis sans eau courante. Le salaire mensuel minimal pour les travailleurs agricoles est de 40 dollars. Celui des ouvriers de Nairobi est de 82 dollars. Les parlementaires du Kenya, en comparaison, pourraient bientôt gagner un salaire mensuel de près de 15 000 dollars.

Muthoni Njathi, un Nairobien de 29 ans qui gagne 125 dollars mensuellement dans un petit restaurant de la capitale, était en furie. Il croit que les parlementaires ne pensent qu'à eux-mêmes, plutôt qu'à ceux qui vivent dans la faim, ou qui doivent trouver du travail à des kilomètres de leur résidence.

Les 222 parlementaires du Kenya reçoivent présentement un salaire de 126 000 dollars. Le parlement a voté mercredi après qu'un comité ait recommandé d'augmenter les salaires des politiciens, mais de les faire payer des impôts pour la première fois.

Avec cette mesure fiscale, l'augmentation de salaire qui atterrirait réellement dans les poches des parlementaires sera relativement petite - environ 1 500 dollars par mois. Mais les pages couvertures des journaux et les réactions du public ne fléchissent pas pour autant.

Des groupes d'ouvriers, le syndicat des professeurs du pays et des groupes de la société civile ont dénoncé avec vigueur la recommandation du parlement, qui devrait être décidée la semaine prochaine.