La Cour Suprême des États-Unis a refusé mardi d'entendre un appel de Pfizer, qui lui demandait de casser un jugement favorable à des familles nigérianes accusant le laboratoire pharmaceutique d'avoir testé un antibiotique sur leurs enfants sans autorisation.

Ce faisant, la Cour Suprême a maintenu l'ordre d'une cour d'appel de New York réinstituant une action en justice dans laquelle Pfizer est accusé de s'être livré à un essai clinique illégal de son antibiotique Trovan (trovafloxacine) sur des enfants.

Pfizer aurait pratiqué cet essai clinique en 1996 sur plusieurs centaines d'enfants et nourrissons lors d'une épidémie de méningite et de rougeole dans l'Etat nigérian de Kano.

La firme pharmaceutique assure avoir obtenu l'accord oral des familles des enfants, ce que nient ces dernières, qui affirment que le Trovan serait responsable du décès d'au moins onze enfants et de dommages physiologiques pour 189 autres.

Dans un communiqué, Pfizer s'est dit «déçu» de ce rejet de la haute cour, tout en soulignant qu'il ne s'agissait pas «d'un refus fondé sur le fondement de ces actions en justice mais plutôt d'une décision de procédure».

Pfizer «persiste à croire que la décision de la cour d'appel à New York représente un élargissement sans précédent du droit international qui permet à des ressortissants étrangers d'entreprendre des actions en justice devant les tribunaux américains».

«Pfizer est prêt à présenter sa défense devant le tribunal et demeure confiant qu'il finira pas obtenir gain de cause», ajoute le communiqué.

En juillet 2009, après deux ans de bataille juridique, Pfizer et l'Etat de Kano avaient annoncé un accord à l'amiable de 75 millions de dollars pour mettre fin à cette affaire.

Cet accord prévoyait un dédommagement de 35 millions de dollars pour les victimes et un arrêt des poursuites contre le groupe américain, numéro un mondial de la pharmacie, par le gouvernement de Kano.

Cependant, le mois dernier, le cabinet d'avocats Streamsowers & Kohn, qui représente les familles des 192 victimes, avait annoncé que celles-ci rejetaient l'offre de dédommagements, en raison de tests ADN menés par Pfizer pour vérifier qui a effectivement droit à ces compensations.

Les avocats des familles font valoir que ces tests ne sont pas accompagnés d'une vérification indépendante.

La Haute cour d'Abuja a décidé fin mai que l'affaire serait examinée le 29 juin, selon des documents dont l'AFP a pris connaissance.