Pour une rare fois depuis plusieurs mois, Nelson Mandela est sorti de sa retraite, hier matin, afin d'assister aux funérailles de son arrière-petite-fille, Zenani, tuée la semaine dernière dans un accident de voiture.

En ce froid matin d'hiver, c'est un vieil homme extrêmement frêle qui a émergé d'une limousine noire, garée près de la chapelle du collège privé que fréquentait Zenani, dans une banlieue aisée de Johannesburg.

 

L'Histoire a fait de Nelson Mandela un homme plus grand que nature. Mais hier, l'ancien président de 91 ans semblait amoindri par le poids de l'âge, de la maladie et du chagrin d'avoir perdu son arrière-petite-fille.

Soutenu par sa femme, Graça Machel, il s'est lentement frayé un chemin jusqu'au premier rang de la chapelle remplie de dignitaires et de camarades de classe de Zenani.

La jeune fille de 13 ans a été tuée dans un accident alors qu'elle revenait d'un concert à Soweto, à la veille du coup d'envoi du Mondial.

La tragédie avait jeté une ombre sur la grande fête du ballon rond. Ébranlé, M. Mandela avait décidé d'annuler sa participation à la cérémonie d'ouverture.

Des centaines de personnes ont assisté aux funérailles. La chapelle et la tente montée pour l'occasion étaient pleines à craquer. Des haut-parleurs retransmettaient les chants et les discours à l'extérieur.

Plusieurs personnes ont pleuré lors de la lecture d'une lettre remplie de détresse que la mère de Zenani a adressée à sa fille.

Zoleka Mandela-Seakamela a regretté avoir été trop sévère envers sa fille. Elle aurait dû lui permettre de se coucher tard et de porter du maquillage. «J'aurais dû te donner plus de câlins, plus de baisers», a écrit la petite-fille de l'ancien président.

«Tu es ma meilleure amie, comment vais-je faire sans toi? Je crie ton nom dans mon sommeil et je me réveille en espérant te trouver près de moi, mais tu n'es pas là. J'aurais dû être avec toi. Cela aurait dû être moi.»

Zenani dormait à l'arrière de la Mercedes qui la ramenait à la maison, jeudi soir dernier, quand la voiture a fait une embardée sur l'autoroute. Le conducteur de 23 ans, proche du clan Mandela, a été arrêté et accusé de conduite en état d'ébriété. Il ne comparaîtra toutefois qu'après la fin de la Coupe du monde.

Zenani voulait devenir chirurgienne plasticienne. Selon un journal sud-africain, peu avant la tragédie, elle avait confié à ses proches qu'elle était satisfaite de sa vie. Comme si elle avait senti que son jour approchait, elle leur avait affirmé: «Si je meurs, je mourrai heureuse.»