Les insurgés islamistes ont affirmé vendredi avoir repoussé une attaque menée la veille à Mogadiscio par les forces gouvernementales et la force de paix de l'Union africaine (Amisom), dont au moins un véhicule blindé a été détruit, a-t-on constaté.

De violents affrontements s'étaient déroulés jeudi dans plusieurs quartiers de la capitale, et notamment à Shibis (nord), où les forces du TFG, appuyés par des engins blindés de l'Amisom, ont tenté de reprendre des positions perdues il y a une dizaine de jours face aux insurgés shebab.

Ces combats ont fait au moins 21 tués parmi la population, mais le bilan parmi les combattants n'est pas connu pour le moment, tandis que les belligérants affirment avoir remporté la victoire.

«L'ennemi a essayé d'avancer dans une zone sous notre contrôle, les moujahidines leur ont donné une telle leçon qu'ils ne sont pas prêts de recommencer», a déclaré à la presse le porte-parole officiel des shebab, cheikh Ali Mohamoud Rage.

«Ils ont perdu de nombreux hommes. Aujourd'hui, vous pourrez constater les dégâts que nous leur avons infligés. Nous avons détruit un engin blindé (de l'Amisom), et tué tous ses occupants. Nous nous sommes également emparés d'un bulldozer de l'Amisom», a affirmé cheikh Ali Mohamoud Rage.

Interrogés par l'AFP, des témoins ont confirmé la destruction du véhicule sur une avenue du quartier d'Abdiasis, et dont des photos de la carcasse en feu ont été diffusées sur des sites islamistes sur Internet.

Ces photos, sur lesquelles ne figurent aucun cadavre, montrent également des combattants shebab en armes célébrant leur victoire sur un bulldozer blanc de l'Amisom, normalement utilisé pour combler tranchées et positions de combat des islamistes.

«J'étais coincé dans ma maison par la violence des tirs hier, j'ai vu un blindé de l'UÀ en train de brûler, il y avait aussi un bulldozer coincé dans un trou», a raconté à l'AFP Mohamed Hasan.

Les islamistes ont également montré vendredi le cadavre d'un soldat somalien et les restes carbonisés, impossibles à identifier, d'un présumé militaire de l'Amisom.

«J'ai vu le corps d'un soldat dont on ne pouvait pas dire l'identité. Un autre cadavre qui brûlait dans un véhicule a été amené près de Barubha», a expliqué un autre habitant, Fayçal Omar.

Le porte-parole de l'Amisom n'était pas joignable vendredi pour commenter ces informations.

Ali Nur, un responsable des forces de sécurité du TFG, a démenti toute défaite. «Nos forces tiennent plusieurs quartiers dans le nord de Mogadiscio où ils ont combattu les rebelles», a-t-il affirmé.

«La situation est calme aujourd'hui déclaré», a simplement ajouté ce responsable.

Le 23 mai, à la faveur d'une violente attaque sur les positions gouvernementales, les shebab étaient parvenus à s'approcher à moins de deux kms de Villa Somalia, le palais présidentiel.

Ils avaient également progressé de plusieurs centaines de mètres à Shibis et Bondhere, affirmant avoir pris le contrôle de bâtiments abritant des activités des services de renseignement du TFG, dont là encore les photos avaient été diffusées sur Internet, et d'une colline stratégique surplombant le nord de la ville.

Cette avancée avait nécessité l'intervention urgente des soldats ougandais et burundais de l'Amisom en appui aux forces pro-gouvernementales.

Le très fragile TFG a été créé en janvier 2009 et est depuis soutenu à bout de bras par la communauté internationale. Ce gouvernement n'est présent que dans une petite partie de Mogadiscio, avec l'appui de 6.000 soldats ougandais et burundais de l'Amisom déployés dans des zones stratégiques.

La majorité de la ville, régulièrement secouée par les attaques et contre-attaques de chaque camp, est contrôlée par les insurgés islamistes, qui contrôlent également tout le centre-sud de la Somalie.