Le parti au pouvoir depuis 1991 en Ethiopie est arrivé très largement en tête dans toutes les régions du pays, y compris dans la région de l'Oromo, pourtant fief de l'opposition, selon des résultats partiels annoncés lundi de source officielle.

L'EPRDF (Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens), dirigé par le Premier ministre Meles Zenawi, était donné largement favori du scrutin, tandis que l'opposition et des défenseurs des droits de l'Homme ont dénoncé un climat général d'intimidation et un «verrouillage» du scrutin depuis des semaines, voire des mois.

«Dans toutes les provinces, l'EPRDF est en tête. Pour l'instant, l'EPRDF gagne à la chambre des représentants», a déclaré le président du Bureau national des élections, Merga Bekana, lors d'une conférence de presse à Addis Abeba.

Dans la région de l'Oromo, où vit la principale ethnie du pays -les Oromo, 25% des 80 millions d'Ethiopiens-, le parti au pouvoir a obtenu 3 927 673 voix contre 117 790 pour la coalition de l'opposition, le Medrek (le Forum pour la démocratie et le dialogue), selon le bureau des élections.

A Addis Abeba, où l'opposition avait remporté le scrutin en 2005, l'EPRDF a remporté 403 621 voix, contre 264 607 pour le Medrek.

Le parti au pouvoir arrive également très largement en tête dans la région d'Harar (38 948 voix contre 921 pour le Medrek) et celle de Somali (914 751 voix contre 445 pour l'opposition).

Le taux de participation a atteint un niveau record de plus de 90%, toujours selon la même source.

Ces résultats officiels -qui doivent encore être confirmés par les chiffres définitifs annoncés le 21 juin- marquent un contraste frappant avec le précédent scrutin de 2005, au cours duquel l'opposition avait créé la surprise en obtenant les meilleurs résultats de son histoire, sans toutefois l'emporter sur l'EPRDF.

L'opposition, ainsi que les observateurs de l'Union européenne, avaient alors contesté le décompte des voix, et la repression par la police des manifestations avait fait près de 200 morts, selon une commission parlementaire.

Interrogé par l'AFP avant l'annonce des résultats partiels, l'ancien président éthiopien Negasso Gidada, un des chefs du Medrek, était resté prudent lundi. «Nous collectons les preuves sur les plaintes venant de nos observateurs présents dans plus de 485 districts».

«Si nous avons toutes les preuves, nous ferons appel au NEBE, et s'il ne règle pas notre problème, nous irons en justice», avait-il précisé, tout en ajoutant que l'opposition n'avait cette fois pas l'intention «d'appeler à des manifestations».

«Quels que soient les résultats, cette élection se caractérise d'abord par les mois de répression qui l'ont précédée», a affirmé lundi de son côté l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.

«Derrière une façade ordonnée, le gouvernement a fait pression, intimidé et menacé les électeurs éthiopiens», a affirmé HRW dans un communiqué.

Des accusations aussitôt démenties par le porte-parole du gouvernement éthiopien, Shimeles Kemal, qui a accusé HRW «de mener une campagne de dénigrement contre le gouvernement pour des raisons idéologiques».

Le chef des observateurs de l'UE, Thijs Berman, s'est pour le moment borné à se féliciter du déroulement dans le calme du scrutin, et à indiquer avoir été saisi d'un nombre non précisé de plaintes, en cours d'examen.

Enfin, pour la Coalition éthiopienne des organisations de la société civile (CESCO), autorisée par le pouvoir à déployer 40 000 observateurs, les élections «ont été libres, équitables et démocratiques».