Le gouvernement fédéral de transition (TFG) est le seul rempart possible contre le chaos en Somalie, ont affirmé samedi à Istanbul les représentants de 55 Etats réunis pour étudier les moyens de sortir de l'instabilité ce pays ravagé par deux décennies de guerre civile.

«La Conférence exprime son soutien entier au président Sheik Sharif Ahmed et aux institutions fédérales transitoires» somaliennes, ont souligné dans une déclaration commune les participants au sommet, organisé sous le patronage du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Le très fragile TFG a été créé en janvier 2009 et est depuis soutenu à bout de bras par la communauté internationale. Ce gouvernement n'est présent que dans une petite partie de Mogadiscio, capitale contrôlée en majorité par les insurgés islamistes.

«La seule façon de rétablir la stabilité est de soutenir le gouvernement dans ses efforts de réconciliation et dans son combat contre l'extrémisme», avait déclaré M. Ban devant les délégations plus tôt dans la journée.

Les signataires de la Déclaration d'Istanbul -55 pays européens, africains et du Proche-Orient principalement, et 12 organisations internationales dont l'ONU, l'Union européenne, la Ligue arabe et l'Union africaine- ont insisté sur la nécessité d'aider au renforcement des capacités militaires du TFG.

«Le rétablissement, l'entraînement, l'équipement, le paiement (...) des forces de sécurité somaliennes sont vitaux pour la stabilité à long terme de la Somalie», affirme la déclaration, qui appelle la communauté internationale au «déboursement rapide, et aux échéances fixées, des fonds promis pour soutenir les institutions sécuritaires somaliennes».

Saluant les efforts des quelque 6.000 soldats et policiers de la Mission de l'Union Africaine en Somalie (Amisom), principalement burundais et ougandais, le document encourage «les autres pays africains à fournir des troupes à l'Amisom pour atteindre la puissance prévue par son mandat».

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a pour sa part appelé au cours d'une conférence de presse la communauté internationale à reprendre pied à Mogadiscio pour soutenir les efforts du TFG.

«On ne doit pas abandonner (le TFG) à Mogadiscio. Il faut que la communauté internationale soit présente à Mogadiscio (...). On ne peut pas avoir des agences des Nations Unies qui travaillent tout autour et pas à Mogadiscio», a-t-il affirmé.

Rappelant que la France avait déjà formé plus de 500 soldats somaliens, le ministre a indiqué que Paris était prêt à «participer à l'effort commun de formation de policiers et de soldats qui se fera en Ouganda et qui peut également comporter un volet kenyan».

Il a aussi invité les Etats africains à s'investir davantage : «C'est plutôt à l'Afique de protéger les Africains», a-t-il estimé.

Les 55 pays ont par ailleurs désigné six domaines prioritaires pour le développement de la Somalie -télécommunications, infrastructures de transport, exportations de bétail, pêche, système bancaire et énergies alternatives- et se sont engagés à promouvoir des projets pilotes d'investissement.

De son côté, le TFG a réaffirmé sa détermination à promouvoir le dialogue et la réconciliation, et sa volonté d'entamer au troisième trimestre 2010 un processus consultatif en vue de l'établissement d'une nouvelle Constitution.

«Nous faisons des efforts rapides pour qu'une Constitution permanente» soit prête «d'ici à la fin de l'année», a déclaré pendant la conférence Sheik Sharif Ahmed, selon la traduction en turc de ses propos.

Une nouvelle conférence sur la Somalie a été annoncée pour septembre à Madrid.