Le Zimbabwéen blanc Roy Bennett, un proche du premier ministre Morgan Tsvangirai, a été acquitté lundi par un tribunal de Harare des accusations de complot contre le président Robert Mugabe qui l'empêchent depuis plus d'un an d'entrer dans le gouvernement d'union.

«J'ai étudié avec attention les faits et j'en ai conclu que l'État n'avait pas apporté de preuves solides. En conséquence, je déclare l'accusé non coupable», a déclaré le juge Chinembiri Bhunu. «L'État a échoué à prouver la culpabilité de l'accusé après que le principal témoin à charge eut changé de version», a-t-il ajouté.

Trésorier du parti de Morgan Tsvangirai, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Roy Bennett avait été arrêté en février 2009, alors qu'il allait prêter serment en tant que vice-ministre de l'Agriculture au sein du nouveau gouvernement d'union.

Accusé d'avoir voulu renverser en 2006 le président Mugabe, au pouvoir depuis 1980, il était inculpé de «terrorisme», «banditisme» et «sabotage». Incarcéré brièvement à deux reprises, il comparaissait libre depuis novembre. D'autres charges lancées contre lui avaient été levées mi avril.

«C'est une décision heureuse. J'espère que nous allons pouvoir entrer dans une période de justice et d'État de droit», a réagi l'ancien fermier blanc, 53 ans, à l'annonce de son acquittement.

«Ce soir, je vais pouvoir dormir paisiblement», a-t-il ajouté en shona, alors que les applaudissements de ses partisans résonnaient dans la salle d'audience.

Les anciens rivaux Tsvangirai et Mugabe ont formé un gouvernement d'union pour sortir le Zimbabwe d'une crise née de la défaite historique du camp présidentiel aux élections de mars 2008. Il fonctionne depuis plus d'un an malgré de nombreux accrocs entre les deux parties.

La situation de M. Bennett est l'un des principaux points de friction.

L'ancien agriculteur est en effet une des bêtes-noires du clan Mugabe qu'il n'a jamais hésité à critiquer ouvertement, allant même jusqu'à s'empoigner avec l'ancien ministre de la Justice lors d'un débat au Parlement en 2004.

Le MDC a toujours clamé que les accusations à son encontre étaient montées de toute-pièce. Mais le président Mugabe a refusé de le laisser entrer au gouvernement tant que des poursuites pesaient contre lui.

Sa brève réincarcération à la mi-octobre avait plongé le gouvernement d'union dans sa pire crise: le premier ministre avait boycotté pendant trois semaines l'autre camp, l'accusant d'être un partenaire malhonnête.