L'homme fort de Madagascar Andry Rajoelina s'est dit prêt mercredi à ouvrir son gouvernement aux autres mouvances politiques de l'île, mais vouloir garder son premier ministre jusqu'à la tenue d'élections législatives cet été.

«Je suis prêt à former un gouvernement avec les autres forces politiques (...) pour aller vers des élections» législatives cet été et présidentielle en novembre, a-t-il dit à l'AFP en marge de négociations à Pretoria.

«Le premier ministre Camille Vital n'est pas un politicien, c'est un militaire et leur devise est de servir. Donc, ils vont servir la population et le peuple malgache jusqu'aux élections. C'est juste le gouvernement qu'on ouvre», a-t-il précisé.

Andry Rajoelina avait assuré mi-avril être prêt à suivre une nouvelle «feuille de route» tracée par la France, l'Afrique du Sud et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) pour tenter de mettre un terme à plus de 15 mois de crise.

Il a souligné être venu à Pretoria pour finaliser cet accord. «De notre part, il n'y a pas de blocage», a-t-il assuré.

Le président Jacob Zuma rencontrait dans la soirée - avec le médiateur Joachim Chissano et le président de la commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping - le président évincé Marc Ravalomanana, pour tenter de lever les points de blocage, a indiqué une source proche des négociations.

Les discussions devaient ensuite s'élargir à Andry Rajoelina, puis aux anciens chefs de l'État Albert Zafy et Didier Ratsiraka, pour tenter de conclure un accord.

«Ce sera l'esprit et la lettre de Maputo avec un gouvernement d'union et des ministères partagés», selon une source proche de Marc Ravalomanana.

L'accord de Maputo tout comme celui d'Addis Abeba, signés l'année dernière et restés lettre morte, avaient pour but de sortir le pays de l'impasse politique après l'éviction en mars 2009 de Marc Ravalomanana qui vit aujourd'hui en exil en Afrique du Sud.

Son remplacement par son principal opposant et ex-maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, soutenu par l'armée, avait été largement condamné et avait valu à Madagascar d'être suspendu de la SADC et de l'UA.

«La différence avec Maputo, c'est que tout le monde a constaté qu'il faut aller directement vers des élections. La différence avec Maputo, c'est qu'il n'y aura plus d'institutions (de transition) qui étaient le blocage (...). Tout le monde est conscient qu'il faut mettre fin à la transition», a souligné M. Rajoelina.

Seule la Commission électorale indépendante serait maintenue et la question de l'amnistie, chère à MM. Ratsiraka et Ravalomanana, serait réglée par les futures institutions.

Ce revirement d'Andry Rajoelina, qui avait rompu le dialogue fin 2009 en renvoyant le premier ministre de consensus pour nommer Camille Vital, et en décidant unilatéralement d'organiser de nouvelles élections, s'inscrit dans un nouveau contexte.

Le président de la Haute autorité de transition (HAT) se voit aujourd'hui confronté à l'impatience de l'armée, à un marasme économique croissant avec la suppression des aides internationales et à des sanctions de l'UÀ contre son régime, pour entrave au processus de sortie de crise.

La médiation a également changé. Jusqu'ici assurée par l'Afrique australe, l'UA, l'Organisation internationale de la francophonie et les Nations unies, elle est désormais menée par la SADC et la France, représentée à Pretoria par le secrétaire d'État français à la Coopération Alain Joyandet.