L'ex-secrétaire général de l'ONU et médiateur dans la crise kényane, Kofi Annan, s'est inquiété vendredi des faibles progrès enregistrés au Kenya dans la lutte contre la corruption et l'impunité, tout en saluant l'avancée des travaux pour l'adoption d'une nouvelle constitution.

«La question de l'impunité, y compris la corruption, demeure d'une importance fondamentale et doit être encore réglée de façon significative», a regretté M. Annan lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite de travail au Kenya.

«Je suis particulièrement inquiet d'informations concernant l'intimidation de témoins potentiels (de la Cour pénale internationale) et de défenseurs des droits de l'Homme, ainsi que d'exécutions extrajudiciaires. Des mesures du gouvernement pour assurer la protection des témoins sont indispensables», a-t-il ajouté.

M. Annan a cité d'autres motifs de déception au regard du processus de sortie de crise: manque de coopération entre le président Mwai Kibaki et le premier ministre Raila Odinga, lenteur de la réforme de la justice, aide insuffisante aux victimes des violences électorales encore déplacées dans le pays.

L'ancien secrétaire général des Nations unies a toutefois salué les progrès dans la réforme, cruciale, de la nouvelle constitution qui est actuellement débattue devant le parlement.

M. Annan, arrivé mardi au Kenya, s'est entretenu séparément avec Mwai Kibaki et Raila Odinga, ainsi que des représentants de la société civile et des autorités religieuses.

À la tête d'une médiation internationale, il était parvenu à arracher un accord de partage du pouvoir en février 2008 pour mettre fin aux violences qui avaient accompagné la réélection controversée du président Mwai Kibaki fin 2007. Quelque 1 500 personnes avaient été tuées et environ 300000 déplacées lors de ces violences.

M. Kibaki avait été maintenu à la présidence du pays tandis qu'un poste de premier ministre était créé et confié à son adversaire Raila Odinga.