Le désintérêt des bailleurs de fonds «menace» l'accès aux anti-rétroviraux (ARV) en Afrique subsaharienne, où vivent 67% des personnes infectées par le virus du sida dans le monde, s'est inquiétée une ONG africaine vendredi, à l'issue d'une réunion à Yaoundé.

«L'avenir de l'accès aux ARV en Afrique (subsaharienne) est menacé et d'éventuelles conséquences désastreuses pèsent sur les systèmes de santé» dans cette partie du continent, déclare dans un communiqué Central Africa Treatment Action Group (Catag), mouvement promouvant l'accès universel aux ARV en Afrique centrale.

«Les bailleurs de fonds portent de plus en plus leur attention et ressources vers d'autres besoins», ce qui «ne devrait pas se faire au détriment de l'accès aux ARV», estime Catag, qui a achevé vendredi une réunion sur le sujet ayant regroupé pendant trois jours des participants de dix pays de la région.

«La situation (de l'accès aux soins) pourrait bien s'aggraver», voire «s'empirer», s'est inquiété dans un entretien avec l'AFP James Clovis Kayo, coordonnateur de Catag.

L'aide internationale dont «les gouvernements africains dépendent beaucoup» pour leurs efforts de lutte contre le sida «a été affectée par la crise financière internationale», a-t-il dit.

«Beaucoup de donateurs ne contribuent plus» comme par le passé et certains «menacent carrément de se retirer» du financement du Fonds mondial de lutte contre la tuberculose, le sida et le paludisme, selon M. Kayo.

Dans son communiqué, Catag appelle la communauté internationale et les gouvernements «à réaffirmer leur engagement à mobiliser les ressources nécessaires à l'accès universel (...) aux traitements et aux soins» anti-rétroviraux, au risque de «détruire les progrès obtenus à prix d'or durant les dix dernières années» dans la lutte contre le sida.

2,9 millions de personnes ayant besoin de traitements ARV avaient accès à ces médicaments en Afrique subsaharienne en décembre 2008, soit 44% du total régional. Cette partie du continent est la plus touchée par la pandémie avec 22,4 millions (67%) des personnes infectées au monde, selon l'Organisation mondiale de la Santé.