Au moins 13 villageois chrétiens, dont des femmes et des enfants, ont été tués mercredi au Nigeria par des éleveurs musulmans, ont annoncé des responsables locaux, un nouvel épisode dans les violences religieuses qui ont déjà fait des centaines de morts dans ce pays.

Cette tuerie s'est déroulée vers 8h30 près de la localité de Riyom, dans l'État central du Plateau, et les assaillants, qui seraient issus de l'ethnie d'éleveurs fulani, étaient déguisés en militaires pendant leur raid, selon ces mêmes sources.

«Je peux confirmer que 13 personnes sont mortes et six autres ont été grièvement blessées. Elles ont été admises dans un hôpital de missionnaires», près de Jos, la capitale de l'Etat, a déclaré à l'AFP un haut responsable local Gregory Yenlong.

Il a précisé que l'attaque avait eu lieu dans la bourgade de Byei, à la périphérie de Riyom, à une quinzaine de kilomètres au sud de Jos. Cette zone est majoritairement chrétienne d'ethnie berom.

La plupart des victimes de la tuerie de mercredi sont des femmes et des enfants, selon la radio d'Etat.

Sept personnes suspectées d'avoir participé au massacre ont été arrêtées en possession d'armes, a annoncé

mercredi soir un porte-parole de l'armée, tandis que le gouverneur de l'Etat Jonah Jang a lancé un appel au calme à la télévision. «J'assure le peuple de l'Etat du Plateau que le gouvernement fera tout son possible pour démasquer les instigateurs de ces désordres», a-t-il déclaré.

«Ce que j'ai vu dans le village est très triste», a assuré à l'AFP un responsable gouvernemental qui s'est rendu sur les lieux. «J'ai vu les cadavres de femmes, dont certaines étaient très vieilles, et celui d'un enfant qui devait avoir moins de cinq ans, et celui d'une femme qui était brûlée, avec un enfant sur son dos», a assuré ce responsable, sous couvert de l'anonymat.

Auparavant, un journaliste d'une radio locale avait indiqué à l'antenne que 12 cadavres étaient alignés dans une rue et qu'il y avait des femmes et des enfants parmi les victimes. «Les cadavres sont partiellement carbonisés et portent des marques de coups de machettes. J'ai compté six maisons brûlées et les gens autour de moi pleurent et gémissent», a-t-il ajouté.

Il a également raconté qu'une cinquantaine de policiers supplémentaires avaient été déployés pour garantir la sécurité des habitants.

Toutefois, un élu local, Emmanuel Jugu, a appelé au retrait des forces de l'ordre dans cette région : «ce serait mieux que les soldats rentrent dans leurs casernes. Nous pouvons nous défendre et nous protéger nous-mêmes.»

Plus tôt, le porte-parole de la police de l'Etat du Plateau, Lerama Mohammed, avait indiqué que l'attaque avait été «apparemment lancée par des éleveurs fulani», de l'ethnie peule.

Le 7 mars, des éleveurs fulani avaient également opéré une attaque de nuit contre trois villages majoritairement chrétiens proches de Jos, tuant au moins 109 personnes, essentiellement des femmes et des enfants, selon la police.

D'autres sources ont affirmé que le nombre des morts se situait plutôt entre 100 et 500, tandis que 8 000 personnes ont pris la fuite de chez eux, d'après la Croix-Rouge.

La police avait annoncé l'arrestation de 49 fulani qui avaient assuré avoir agi en «représailles» après avoir subi des attaques de la part de fermiers berom.

Dans le même temps, 151 berom avaient été arrêtés pour «possession illégale d'armes» et la police les avait accusés de vouloir «faire la loi eux-mêmes et de se mobiliser pour protéger leur communauté».

Les violences dans le centre du Nigeria, à cheval sur les zones musulmanes du nord et chrétiennes et animistes du sud du Nigeria, ont déjà fait des milliers de morts depuis 2001 dans ce pays le plus peuplé d'Afrique avec 150 millions d'habitants.

Selon des habitants, ces tueries entre éleveurs fulani et fermiers berom ont été provoqués par des vols de bétail, plus que par des différends religieux.