Le responsable de la police de l'État du Plateau a déclaré mercredi que 109 personnes avaient été tuées dans les attaques du week-end dans le centre du Nigeria, démentant un bilan initial de 500 morts, et a annoncé qu'une cinquantaine de suspects avaient été arrêtés.

Trois jours après l'attaque perpétrée par des éleveurs de l'ethnie musulmane fulani contre des chrétiens de l'ethnie berom, le pape Benoît XVI a dénoncé «l'atroce violence qui ensanglante le Nigeria» et «n'épargne même pas des enfants sans défense».

De nombreux spécialistes ont toutefois mis en garde contre une lecture religieuse de cette flambée de violence, rappelant que la question foncière et le partage des ressources étaient les principales causes des conflits dans la région.

«Le nombre total de victimes s'établit à 109. Ce chiffre est authentique et incontestable», a déclaré mercredi le responsable de la police du Plateau, Ikechukwu Aduba, lors d'une conférence de presse à Jos, précisant que le décompte avait été fait en présence de médecins légistes et de responsables gouvernementaux.

Le responsable de la communication de l'État du Plateau, Dan Majang, avait annoncé au lendemain de la tuerie que le bilan était d'«au moins 500 morts», un chiffre que le policier a qualifié de «fabriqué».

D'autres sources civiles locales ont évoqué ces derniers jours 200 à 400 morts.

Il est «extrêmement difficile» d'obtenir des bilans précis dans ce genre de situation, a rappelé le chercheur français Marc-Antoine Pérouse, soulignant les risques de «manipulation» par les groupes rivaux.

Ikechukwu Aduba a également annoncé que 49 fulani suspectés d'avoir participé aux tueries du week-end avaient été arrêtés et seraient inculpés.

Ils ont «avoué qu'ils avaient participé à une opération de représailles» après avoir subi des attaques de la part de fermiers berom, a indiqué le policier.

Certains étaient volontaires, d'autres ont été payés pour participer aux tueries, a ajouté M. Aduba, précisant qu'ils seraient inculpés pour homicides volontaires et complot.

Par ailleurs, 151 berom ont été arrêtés ces derniers jours pour «possession illégale d'armes». «Ils avaient décidé de faire la loi eux-mêmes et de se mobiliser pour protéger leur communauté», a expliqué M. Aduba.

Dans l'État du Plateau, régulièrement secoué par des flambées de violence, les différentes communautés ont monté leurs propres milices de défense, et les observateurs redoutent un engrenage infernal de violences et de représailles.

L'armée nigériane patrouillait mercredi dans la région de Jos, où la situation était calme, mais le moindre incident restait susceptible de dégénérer à tout moment.

Un mouvement de panique a été signalé mardi soir dans un quartier chrétien à la périphérie de Jos, où des habitants terrifiés par des tirs se sont réfugiés dans une caserne de police, après des heurts entre berom et fulani.

Le rôle de l'armée restait également très controversé.

L'État du Plateau est en partie passé sous contrôle de l'armée depuis janvier, date de précédentes tueries où plus de 300 personnes, des musulmans, avaient été tuées, et un couvre-feu a été instauré de 18H00 à 06H00.

«Le massacre (du week-end) aurait pu être évité», a asséné mardi le gouverneur de l'État, Jonah Jang, en accusant les responsables militaires d'avoir ignoré des signaux d'alerte.

«L'armée doit arrêter le carnage à Plateau. S'ils n'en sont pas capables, ils doivent partir», a déclaré M. Jang à des journalistes à Abuja.