Les heurts de vendredi entre des chrétiens et des musulmans dans un village et une ville du nord du Liberia ont fait au moins quatre morts et 23 blessés graves, a affirmé samedi à l'AFP une source à la préfecture de Voinjama (450 km au nord de Monrovia).

«J'ai compté personnellement quatre corps, mais ce n'est pas forcément le bilan définitif des morts. Et il y a encore 23 personnes grièvement blessées à l'hôpital de Voinjama», a déclaré au téléphone à l'AFP George Tengbeh, adjoint au préfet de cette ville, capitale de la province de Lofa, située non loin de la frontière avec la Guinée.

«La police nationale a la situation sous contrôle, il n'y a plus de violences en cours», a néanmoins ajouté M. Tengbeh.

«Quelques-uns des blessés ont été touchés par des balles et les autres ont été frappés à coups de machette et de gourdins», a-t-il assuré.

Ce représentant de la préfecture a par ailleurs confirmé que la mission catholique et deux églises avaient été «entièrement brûlées» à Voinjama.

Un habitant de Konia, à une dizaine de kilomètres de là, avait affirmé vendredi à l'AFP que les violences avaient débuté dans ce village après la découverte du corps d'une élève chrétienne tuée par balles.

«Il y a quelques jours, une jeune fille nommée Korpu Kamara a disparu et nous étions à sa recherche. Mais, hier (jeudi), elle a été retrouvée morte avec des traces de blessures par balles», assurait au téléphone vendredi l'habitant, Joseph Wulu. Selon lui, de jeunes chrétiens avaient alors commencé à saccager une mosquée à Konia. En réaction, des musulmans avaient brûlé des églises et la mission catholique à Voinjama.

Selon des témoins, des centaines de personnes ont traversé la frontière pour se réfugier en Guinée.

Samedi, l'AFP a joint par téléphone un habitant de Voinjama parti vendredi avec sa famille mais revenu samedi dans la ville. L'homme, Jerry Tamba, 57 ans, a expliqué avoir retrouvé sa fille, blessée par balle, à l'hôpital de Voinjama.

«Je cherchais ma fille et je l'ai trouvée à l'hôpital, elle était blessée par des tirs d'AK47 (kalachnikov), elle a dit qu'elle avait vu des mandingues avec des armes automatiques», a rapporté ce chrétien de l'ethnie loma selon lequel il y a eu un total d'«une centaine de personnes blessées» et au moins «cinq morts».

Une délégation de musulmans et chrétiens a été mandatée pour apaiser la situation, selon M. Tengbeh.

Au Liberia, on estime généralement qu'environ 40% des 3,3 millions d'habitants sont chrétiens, plus de 15% musulmans et le reste animiste.

Des soldats de la Mission des Nations Unies au Liberia (Minul) avaient été dépêchés vendredi dans la région.

La Minul, forte actuellement 10 000 militaires, s'était déployée en 2003 dans ce petit pays d'Afrique de l'ouest sorti alors de 14 ans de guerres avec un bilan de 250.000 morts.