La junte qui a pris le pouvoir au Niger à la faveur du coup d'Etat du 18 février met en place son équipe à la tête du pays tandis que les appels à une transition courte et au retour rapide des soldats dans les casernes se multiplient.

D'ici à la fin de la semaine, un gouvernement de «technocrates» sera mis en place a indiqué mercredi le nouveau Premier ministre, Mahamadou Danda.

La création d'un Conseil consultatif et la crise alimentaire figureront parmi les priorités du gouvernement et du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte), a-t-il affirmé.

M. Danda a été nommé Premier ministre mardi par la junte qui a renversé le président Mamadou Tandja.

«Ma priorité, c'est principalement la restauration de la démocratie», a assuré mercredi à l'AFP cet ancien ministre, un civil habitué des régimes militaires, conseiller à l'ambassade du Canada à Niamey depuis dix ans.

Il a affirmé avoir demandé à la junte «des garanties nécessaires pour être sûr de (s)'engager dans un processus devant aboutir à la restauration réelle de la démocratie».

Les putschistes avaient immédiatement suspendu la Constitution très controversée d'août 2009, dissous le gouvernement, puis annoncé l'organisation d'élections à l'issue d'une période de transition.

Ils ont promis d'impliquer tous les partenaires politiques au cours des travaux pendant cette période.

La rue a apporté un soutien massif à l'armée, estimant qu'elle avait mis fin à la dérive autocratique de M. Tandja.

Après dix ans à la tête du pays, celui-ci avait décidé d'y rester coûte que coûte et avait pour cela fait adopter une nouvelle loi fondamentale en août dernier.

Mais de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer un retour rapide à l'ordre constitutionnel et le manque de clarté de la junte quant à son calendrier suscite des inquiétudes.

«Tout le monde a la même préoccupation : le retour à l'ordre constitutionnel normal (...). Nous lançons un appel aux militaires afin que les soutiens en leur faveur qui fusent de toutes parts ne leur montent pas à la tête», a déclaré mercredi Amadou Harouna Maïga, secrétaire général de l'Union des travailleurs du Niger (USTN, centrale syndicale), sur la radio privée Dounia.

«Il faut qu'ils organisent dans un bref délai des élections et retournent dans leurs casernes», a-t-il averti.

Lawal Tsayabou, coordonnateur du Rodaddhd, un réseau d'organisations de développement et de défense des droits de l'Homme, a aussi estimé que «la vocation de la junte n'est pas d'assainir les finances publiques ou de mettre en place un programme (...) Son agenda est d'organiser des élections libres».

La communauté internationale, qui a largement condamné le coup d'Etat, a multiplié les appels au retour rapide de l'ordre démocratique.

Les initiatives de la junte seront observées de près par la France et la Chine notamment, le Niger étant le principal fournisseur d'uranium pour les installations nucléaires des deux pays.

Le pays est en outre confronté à un risque de pénurie alimentaire à court terme qui menace la moitié de la population en raison notamment des intempéries, s'est alarmée mercredi la Fédération internationale de la Croix-Rouge.

Le Maroc a proposé mercredi d'accueillir sur son sol Mamadou Tandja, a indiqué mercredi le porte-parole de la junte.

«Ils (les Marocains) ont déposé une demande, s'il y a une réponse je vous la communiquerais», a affirmé le colonel Abdoulkarim Goukoye.

Le Maroc a catégoriquement démenti cette information.

En outre, la junte a affirmé mercredi toujours détenir six membres du gouvernement dissous dont celui de l'Intérieur et de la Justice, et non trois comme indiqué précédemment.

Dans l'optique de «réconcilier les Nigériens», la junte a appelé les médias nationaux à ne pas s'acharner sur le pouvoir renversé.

«Nous ne voulons pas que les médias se transforment en séances d'insultes répétées contre les anciennes autorités», a affirmé le colonel Goukoye.