L'Afrique du Sud célébrait jeudi le 20e anniversaire de la libération du héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela, le 11 février 1990, premier signe tangible de la fin d'un régime en déliquescence.

«Alors qu'il franchissait les portes de cette prison, il savait que sa propre liberté voulait dire que l'heure de notre liberté à tous était venue», a déclaré l'ancien rebelle devenu homme d'affaires Cyril Ramaphosa, lors d'une cérémonie devant le dernier lieu d'incarcération de Mandela à Paarl, près du Cap (sud-ouest).

Dix-huit mois avant sa libération, alors que des contacts secrets avaient été établis entre le prisonnier politique le plus célèbre du monde et un gouvernement qui perdait le contrôle de la situation, Mandela avait été transféré au centre correctionnel Victor Verster, où une confortable villa lui avait été assignée.

Il venait de la prison de haute sécurité de Pollsmoor au Cap, après avoir passé 18 de ses 27 années de détention dans celle, bien plus rude, de Robben Island, sur une île balayée par les vents au large du Cap.

Devant les portes de Victor Verster, qui acquiert jeudi le statut de monument historique, politiciens et vétérans de la lutte s'étaient réunis près d'une statue figeant Mandela dans ses premiers pas d'homme libre, le poing dressé en signe de victoire.

«Madiba (nom de clan de Mandela, ndlr) était le symbole de quelque chose de beaucoup plus grand», a souligné le ministre au Plan de l'actuel gouvernement, Trevor Manuel.

«Aujourd'hui, nous célébrons et nous nous rappelons ce à quoi nous voulons parvenir», soit l'égalité des chances pour tous, a-t-il lancé à la foule, qui dansait et scandait comme il y a 20 ans: «Amandla ngawethu» (pouvoir au peuple)!

Seize ans après les premières élections multiraciales qui ont porté Mandela au pouvoir, 43% des 48 millions de Sud-Africains vivent toujours avec moins de deux dollars par jour.

Le changement politique est radical. Les lois ségrégationnistes ont été démantelées, la démocratie installée et le pays s'est doté d'une des Constitutions les plus libérales au monde.

Depuis 1994, le parti de Mandela, le Congrès national africain (ANC), a remporté chaque scrutin haut la main. L'ancienne formation de lutte prône la réconciliation et, malgré son ancrage historique à gauche, s'est toujours évertuée à rassurer les milieux d'affaires.

Cette stratégie a permis d'assurer une croissance forte jusqu'à l'an dernier, faisant de l'Afrique du Sud le géant économique du continent et finançant des aides sociales dont bénéficient 13 millions de personnes.

Si le gouvernement a amélioré l'accès à l'eau et à l'électricité, il reste toutefois beaucoup à faire dans les énormes bidonvilles, où 1,1 million de familles continuent de vivre dans des baraques de fortune.

Bref, les exclus de l'ancien régime ne sont guère mieux lotis aujourd'hui, à cause notamment du chômage qui frappe près de la moitié des forces vives du pays, conséquence directe d'un système éducatif défaillant.

Résultat: le revenu mensuel moyen des Noirs a augmenté de 37,3% depuis 1994. Celui des Blancs a bondi de 83,5%.

C'est sur la création d'emplois, qui semble s'amorcer après une plongée due à la récession en 2009, que le président Jacob Zuma, élu en mai dernier, devait s'exprimer jeudi soir devant le Parlement.

Son illustre prédécesseur était attendu vers 19h00 (12h00 HAE) à l'Assemblée pour sa seule apparition de la journée. La santé déclinante du vieil homme, âgé de 91 ans, le contraint à raréfier les interventions publiques.