Des discussions de haut niveau se tenaient jeudi à Ouagadougou pour décider du maintien en exil ou du retour en Guinée du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, blessé par balle à la tête lors d'une tentative d'assassinat le 3 décembre.

En soirée, un «collectif» composé des membres de la junte et «des chefs d'État-major des armées» a fait monter la pression à Conakry en «exigeant le retour en Guinée du président de la République», qui est en «convalescence» au Burkina Faso.

Une première rencontre a eu lieu mercredi soir à Ouagadougou entre le capitaine Camara, arrivé mardi soir par surprise au Burkina après avoir été hospitalisé plus d'un mois au Maroc, le dirigeant intérimaire de la Guinée, le général Sékouba Konaté et le président burkinabè Blaise Compaoré.

Une deuxième était prévue dans la nuit de jeudi à vendredi, avec toujours le président Compaoré dans le rôle de médiateur dans la crise guinéenne.

Plusieurs questions sont discutées pour l'avenir de ce pays instable d'Afrique de l'Ouest, plongé dans une grave crise depuis le coup d'État militaire du 23 décembre 2008 et le massacre de plus de 150 opposants, selon l'ONU, le 28 septembre à Conakry.

Le capitaine putschiste peut-il, doit-il revenir en Guinée, au risque de déclencher des troubles? S'il est maintenu en exil, restera-t-il au Burkina Faso ou ira-t-il dans un autre pays? Qui acceptera ce dirigeant mis au ban de la communauté internationale depuis la répression sanglante du 28 septembre?

À Conakry, les pro-Dadis s'organisent. Des centaines de manifestants, en majorité des jeunes, ont répondu à l'appel du Congrès panafricain des jeunes patriotes (COJEP), une association proche de la junte au pouvoir en Guinée, pour participer jeudi à un sit-in.

Et en soirée, le «collectif» de membres de la junte et de militaires a «exigé» le retour en Guinée» du capitaine Camara.

Ce «collectif» «rassure l'opinion nationale et internationale que le retour du président Dadis renforcera la cohésion nationale, la quiétude sociale et l'unité des forces armées», selon un communiqué lu à la télévision publique.

Les adversaires du chef de la junte, mis au ban de la communauté internationale depuis le massacre du 28 septembre, affirment eux que ce retour plongerait au contraire le pays dans la «guerre civile».

La communauté internationale soutient le chef intérimaire de la junte, le général Konaté, qui s'est dit prêt à partager le pouvoir avec l'opposition lors d'une période de transition devant mener à des élections présidentielle et législatives.

Le 6 janvier, le général Konaté, également ministre de la Défense, avait annoncé que le premier ministre de la transition serait «issu de l'opposition» et «désigné par elle-même».

Mais une semaine après, les Forces vives (opposition, syndicats et société civile) ne s'étaient toujours pas mis d'accord, même si des noms circulent pour les postes de premier ministre et de vice-premiers ministres.

Pour tenter de rassurer les nombreux sceptiques, le «collectif» a affirmé jeudi soir vouloir «rester fidèle à l'esprit du discours (du 6 janvier) de Sékouba Konaté rédigé en commun accord avec le président» Dadis Camara, notamment le partage du pouvoir avec l'opposition.