Un rhinocéros blanc de 38 ans né au sud du Soudan a mangé de l'herbe africaine pour la première fois depuis 30 ans lundi, le premier jour du retour sur leur continent de quatre pachydermes en âge de procréer.

Les soigneurs des animaux et les responsables du parc d'Ol Pejeta au Kenya espèrent que ces rhinocéros blancs du Nord feront des petits dans leur environnement naturel, et assurerons la survie de leur variété de l'espèce. Mais les deux couples de rhinocéros n'ont plus batifolé depuis des années, et un expert estime que la tentative est futile. Pour lui, le rhinocéros blanc est déjà éteint. Les quatre rhinos ont atterri au Kenya dimanche en provenance d'un zoo de république tchèque, dans des caisses portant l'inscription «dernière chance de survie». On estime qu'il ne reste plus que huit exemplaires du rhinocéros blanc du Nord dans le monde.

«Cela n'a plus de sens de les déplacer maintenant», considère Randy Rieches, conservateur des mammifères au zoo de San Diego en Californie, qui en possède deux. Cela requiert selon lui beaucoup de savoir, d'élevage, et des compétences en matière de reproduction.

Rieches a donné son avis, négatif, aux confrères du zoo d'origine de Dvur Kralove (République tchèque) et à ceux du parc d'Ol Pejeta (Kenya), où les quatre rhinos voyageurs sont maintenant hébergés. Il n'est pas d'accord, notamment parce que cela retire des financements aux autres projets autour des pachydermes en voie d'extinction. Les rhinocéros peuvent mettre bas avant 30 ans, et les deux femelles transportées ont 9 et 20 ans. Mais les experts jugent que c'est la consanguinité qui les a empêchés de se reproduire au zoo, plus que l'environnement. Au Kenya, il est probable qu'ils se mêlent à des rhinocéros blancs du Sud, une variété différente. Mais l'essentiel est qu'une partie du patrimoine génétique subsiste.

Le don, provenant d'un banquier australien, n'était pas transférable vers un autre projet, a précisé Rob Brett, directeur de Fauna and Flora International, l'association à l'origine du transfert. Il aurait personnellement préféré sauver les rhinocéros noirs du Zimbabwe.

Le donataire, Alastair Lucas, avait réalisé en voyageant en Ouganda que l'animal qu'il venait voir en Afrique n'existait plus, victime du braconnage de sa corne aux vertus réputées aphrodisiaques.

La sécurité du parc coûte 90 000 dollars par an.