Le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (MEND), principal groupe d'insurrection du sud du Nigeria, a annoncé samedi avoir lancé une attaque en bateau contre un oléoduc, une rupture de la fragile trêve avec le gouvernement nigérian qui intervient alors que le président Umaru Yar'Adua est hospitalisé depuis des semaines en Arabie saoudite.

Le MEND a affirmé que ses hommes avaient attaqué un important oléoduc à l'ouest de Port Harcourt appartenant soit à Chevron soit à Royal Dutch Shell. Le mouvement ajoute qu'il considérera le cessez-le-feu sans condition du 25 octobre comme nul et non avenu pour les 30 prochains jours.

Une porte-parole de la Royal Dutch Shell a dit ne pas être informée d'attaque sur ses installations. Un porte-parole de Chevron n'a pas pu être joint.

Le président Umaru Yar'Adua avait engagé des pourparlers de paix officiels avec le groupe et nombre de militants ont déposé les armes dans le cadre d'une amnistie gouvernementale.

L'attaque proclamée souligne les difficultés du gouvernement nigérian en l'absence du président, censé se remettre de ce qui seraient de graves problèmes cardiaques. Le MEND a dit avoir lancé cette attaque car les responsables du gouvernement ont ralenti le rythme des pourparlers alors que l'absence du président s'éternisait.

«Cette situation dans laquelle l'avenir du Delta du Niger est liée à la santé et à la forme d'un seul homme est inacceptable», souligne le communiqué du MEND. Le gouvernement «diffuse de la propagande visant les investisseurs étrangers assurant que la situation dans le Delta du Niger est sous contrôle. Cette affirmation est loin de la vérité», ajoute le mouvement.

Les militants du Delta du Niger mènent des actions violentes depuis janvier 2006, attaquant des installations pétrolières, enlevant des employés des firmes pétrolières ou affrontant les troupes gouvernementales. Ils demandent au gouvernement fédéral que les revenus de l'industrie pétrolière bénéficie davantage à cette région du sud du Nigeria, qui reste engluée dans la pauvreté malgré cinq décennies de production pétrolière.