L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a averti mardi que la situation humanitaire dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) demeurait catastrophique, en dépit d'une évolution sensible sur le terrain militaire depuis un an dans les provinces du Sud et Nord Kivu.

«Ce que nous constatons sur le terrain, ce que nous voyons dans nos cliniques et hôpitaux nous conduit à penser que la situation pour les gens ordinaires n'a pas changé par rapport à l'année dernière», a affirmé Banu Altunbas, la chef de mission de MSF pour les Kivu, au cours d'une conférence de presse à Nairobi.

Depuis octobre 2008, «nous avons mené plus de 500.000 consultations médicales, nous avons pratiqué plus de 1.500 opérations d'urgence pour des blessés de guerre, nous avons pris en charge plus de 5.300 victimes de violences sexuelles», a expliqué Mme Altunbas.

S'agissant de ce dernier chiffre, la chef de mission a estimé qu'il était comparable à celui de 2007-2008: «C'est un chiffre révoltant et nous pensons qu'il est probablement sous-estimé».

Fin octobre 2008, les soldats insurgés ralliés au général déchu congolais tutsi Laurent Nkunda s'étaient arrêtés aux portes de Goma (Nord-Kivu) au terme d'une offensive éclair créant un nouvel exode massif de populations et accompagné d'atrocités sur les populations civiles commises tant par les rebelles que par des soldats de l'armée régulière.

Depuis, la donne a radicalement changé: Laurent Nkunda a été arrêté en janvier 2009 au terme d'un renversement d'alliance surprise et d'une opération conjointe des armées congolaise et rwandaise.

Cette opération s'est ensuite poursuivie pour traquer les rebelles hutus rwandais des FDLR, dont certains sont soupçonnés de participation au génocide de 1994 au Rwanda, ravivant le cycle des violences dans le Sud-Kivu, relativement épargné par les combats il y a douze mois.

Les troupes rwandaises ont depuis quitté la RDC mais l'armée congolaise poursuit l'opération avec l'appui logistique de la Monuc.