Une rançon de quatre millions de dollars a été versée pour le thonier espagnol Alakrana, et le bateau ainsi que ses 36 membres d'équipage sont sur le point d'être libérés, a affirmé mardi à l'AFP un responsable du groupe de pirates somaliens qui les a capturés début octobre.

«Quatre millions (de dollars) ont été versés pour la libération du navire espagnol et nous sommes sur le point de le libérer», a déclaré par téléphone à l'AFP Said Abdulle depuis le village côtier d'Harardhere. «Techniquement, le bateau est libre. Nous sommes en train de vérifier l'argent», a ajouté M. Abdulle, précisant que le montant «avait été accepté à l'unanimité par chacun d'entre nous».

L'Alakrana avait été intercepté le 2 octobre à plus de 300 milles nautiques (550 km) des côtes somaliennes, selon l'armateur du navire, Echebastar Fleet, basé à Bermeo (Pays basque espagnol).

Le thonier compte 36 membres d'équipage: 16 Espagnols, 4 Ghanéens, 8 Indonésiens, 2 Ivoiriens, 2 Malgaches, trois Sénégalais, un Sécheyllois, toujours selon Echebastar Fleet.

Interrogé mardi matin par la radio nationale espagnole (publique), le capitaine de l'Alakrana Ricardo Blach «supposait» qu'une libération pourrait intervenir «avant» deux jours, tout en répétant qu'il ne pouvait «rien dire».

Contacté par téléphone satellitaire à bord de l'Alakrana, il a assuré que tout son équipage était «en bonne santé» et aussi que «tous les chefs (pirates) étaient à bord», avec au total «63 pirates» sur le bateau.

Les pirates réclamaient une rançon de quatre millions de dollars et la libération de deux des leurs détenus en Espagne.

Ces derniers, Abdu Willy et Raageggesey Adji Haman, soupçonnés d'avoir participé à l'attaque de l'Alakrana, ont été inculpés lundi de 36 délits par un juge madrilène, qui a ordonné leur renvoi devant le tribunal de l'Audience nationale.

Les autorités espagnoles n'ont pas caché ces derniers jours qu'elles cherchaient une solution juridique permettant l'expulsion rapide des deux pirates présumés vers la Somalie, où ils seraient censés purger leur peine.

Très actifs ces dernières semaines, les pirates somaliens ont ajouté une nouvelle prise à leur palmarès, en capturant lundi dans l'océan Indien un chimiquier près des Seychelles, avec 28 marins nord-coréens à son bord.

Ce navire de plus de 22.000 tonneaux, Theresa VIII, battant pavillon des îles Vierges et appartenant à un armement basé à Singapour, a été pris d'assaut par les pirates à 180 milles au nord-ouest des Seychelles, a annoncé le quartier général d'Atalante, la flotte antipiraterie européenne, dans un communiqué.

Selon une source maritime, le chimiquier faisait route mardi matin en direction de la Somalie.

«Il n'y a pas beaucoup de navires d'Atalante (la flotte antipiraterie européenne) dans l'océan Indien en ce moment et il y a de plus en plus d'attaques dans le nord du canal du Mozambique», a expliqué cette source.

Devant le déploiement dissuasif d'une vingtaine de navires de guerre étrangers dans le golfe d'Aden depuis plus d'un an, la quasi-totalité des dernières attaques ont été menées dans l'océan Indien.

Les pirates n'ont toutefois pas complètement abandonné le golfe d'Aden où ils ont tenté lundi, sans succès, d'aborder un cargo ukrainien, le Lady Juliet qui disposait d'une escorte armée à son bord.