Les principaux dirigeants politiques malgaches ont signé samedi matin à Addis Abeba un accord sur le partage du pouvoir pendant la transition qui doit conduire à des élections fin 2010, au terme de plusieurs heures de négociations dans la nuit sur la répartition des ministères.

L'actuel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, le président déchu Marc Ravalomanana, et les anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy, ont paraphé l'un après l'autre «l'acte additionnel» aux accords de Maputo signés le 9 août sous l'égide de la médiation.

Jeudi, la médiation africaine avait décidé de prolonger de 24 heures les pourparlers entamés le 3 novembre et jusqu'alors complètement bloqués.

«Les chefs de file des mouvances sont parvenus à un accord pour la mise en oeuvre de la charte de la transition malgache» définie à Maputo le 9 août, avait annoncé Tiébilé Dramé, représentant de l'ONU, à l'AFP dans la nuit de vendredi à samedi.

«Ils se sont entendus sur la direction des institutions de transition, y compris la présidence, et sur une clé de répartition au sein du gouvernement et des autres institutions», avait-il précisé, indiquant qu'il «y a un président consensuel, deux co-présidents consensuels, un premier ministre de consensus et un gouvernement d'union nationale».

Les négociations ont cependant repris pendant plus de quatre heures suite à un blocage sur l'attribution des ministères, a constaté l'AFP, avant que finalement les quatre chefs de file ne signent l'accord.

Sur les 31 postes ministériels, un désaccord subsite sur celui de la Justice, réclamé par la mouvance Ravalomanana et par M. Rajoelina, ont indiqué des participants.

«L'attribution du ministère de la justice à une mouvance, sera décidé au niveau du conseil présidentiel», a expliqué à l'AFP un membre de la médiation.

Andry Rajoelina est confirmé comme président de la Transition, les deux co-présidences reviennent aux mouvances de MM. Ravalomanana et Zafy. La mouvance de M. Ratsiraka conserve le poste de premier ministre.

Le président et les deux co-présidents «doivent se réunir en conseil une fois par semaine pour examiner l'état de la nation, faire prendre par le Conseil des ministres les décisions nécessaires pour gérer la Transition. Les co-présidents doivent contresigner les actes pris par le président», a précisé M. Dramé.

«Il y a un accord sur l'exercice solidaire du pouvoir exécutif», a confirmé à l'AFP le Commissaire paix et sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, jugeant que l'accord «symbolise l'esprit de consensus, la volonté des parties malgaches de travailler ensemble pendant la transition».

«Cette acceptation a marqué le tournant dans les négociations pour dépasser le blocage», a déclaré M. Lamamra, notant que «même une monstruosité juridique peut représenter une solution, une sortie de crise».

Satisfait de cet accord qui correspond à ses attentes, M. Ravalomanana a souligné que M. Rajoelina «n'est pas le chef, il y a les co-présidents (...) Donc il n'a pas le pouvoir total par exemple de signer des actes ou des contrats».

M. Rajoelina, plus tôt, avait cependant estimé qu'il ne s'agissait que d'une question de terminologie.

«Il y avait normalement (selon les accords de Maputo) un vice-président, maintenant au lieu d'un vice-président, il y aura deux co-présidents. C'est juste l'appellation qui change», a-t-il estimé.

M. Ratsiraka a estimé que «c'est un bon accord, inespéré (...) Les mouvances ont finies par se résigner à accepter que les intérêts supérieurs de la Nation passent au-dessus des intérêts personnels et partisans».