Les Mozambicains ont voté mercredi lors d'élections générales que le parti au pouvoir depuis 34 ans, le Frelimo, et son chef, le président millionnaire Armando Guebuza, sont quasiment assurés de remporter en raison des divisions de l'opposition.

Près de dix millions d'électeurs, sur 22,4 millions d'habitants dans cette ancienne colonie portugaise d'Afrique australe, étaient appelés aux urnes pour ce scrutin provincial, législatif et présidentiel. Il s'agissait des 4e élections générales depuis la fin de la guerre civile (1976-1992) dont le pays peine à se remettre. La reconstruction est loin d'être achevée et 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Les bureaux de vote ont fermé à 18H00 (16H00 GMT) et le dépouillement a immédiatement commencé. Les opérations de vote se sont déroulées dans le calme, selon l'autorité administrative pour les élections.

Les premiers résultats pourraient être annoncés dans la soirée. La Commission électorale a jusqu'au 12 novembre pour publier les résultats définitifs.

L'abstention est la grande inconnue du scrutin. Les observateurs européens évoquaient en fin d'après-midi un taux de participation de 30 à 35%, tandis que ceux d'Afrique australe misaient sur 50%.

Depuis les premières élections multipartites, le taux de participation n'a cessé de chuter, de 80% en 1994, 70% en 1999 et 36% en 2004.

De longues files d'attente étaient visibles devant les bureaux de vote de la capitale. Mais il était difficile de les attribuer à une forte participation ou à la lenteur des procédures de vote.

«J'appelle tous les Mozambicains à participer à ce jour important pour notre République et à le faire dans un esprit de fête», a lancé le président Guebuza, après avoir voté à Maputo.

M. Guebuza, 66 ans, qui se présente pour un deuxième mandat après avoir été élu en 2004 avec 64% des suffrages, est considéré comme l'homme le plus riche du pays, présent aussi bien dans le secteur bancaire et les médias que le bâtiment, la pêche ou l'import-export.

Son parti, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), au pouvoir depuis l'indépendance en 1975 et qui dispose actuellement de 160 des 250 sièges au Parlement, était largement favori du scrutin de mercredi.

Son rival historique, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), souffre toujours de son image d'ancien mouvement rebelle soutenu par le régime d'apartheid sud-africain et est en perte de vitesse depuis des années. Lors des dernières élections municipales, elle n'a pas gagné une seule mairie.

«Je fais confiance aux citoyens. Au nord, au sud, au centre, les gens veulent un bon gouvernement», a pourtant déclaré son leader Afonso Dhlakama, qui se présente pour la 4e fois à la présidentielle après trois échecs.

Évoquant de possibles manipulations du scrutin, il a toutefois assuré qu'il respecterait le résultat des élections. «Nous ne voulons pas voir le type de querelles électorales qui se produisent dans d'autres pays», a-t-il ajouté dans un bureau de vote du centre du Mozambique.

En mars, la Renamo avait dû encaisser un nouveau coup avec la formation du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM) par un dissident, Daviz Simango, le maire de Beira (la seconde ville du pays).

Le MDM, dont le leader est aussi candidat à la présidentielle, compte sur les faiblesses de la Renamo et sur le désenchantement de la population pour tirer son épingle du jeu et espère devenir la seconde force politique du pays.

Ses chances sont toutefois amoindries par une décision de la commission électorale qui n'a validé ses candidats aux législatives que dans 4 des 13 circonscriptions.