Le Mouvement d'émancipation du delta du Niger (Mend), principal groupe armé du sud du Nigeria, a décrété un cessez-le-feu illimité à partir de ce dimanche pour «encourager le dialogue» avec le gouvernement, selon un courriel adressé à la presse.

Le mouvement, dont les actions depuis 2006 ont fait chuter d'environ un tiers la production pétrolière du Nigeria, explique avoir pris cette décision en raison de «la volonté exprimée mardi dernier par le gouvernement fédéral d'engager un dialogue sérieux (...) en vue d'arriver à une paix durable dans le delta du Niger».

Le groupe armé précise avoir constitué une équipe pour discuter de ses revendications avec des représentants des autorités fédérales «en vue d'une paix durable». Le prix Nobel de littérature 1986 Wole Soyinka fait partie des personnalités désignées par le Mend.

Vendredi dernier des informations non confirmées faisaient déjà état d'une possible rencontre entre cette équipe et le président Umaru Yar'adua.

Ce dernier s'était entretenu le 19 octobre avec le chef du Mend, Henry Okah, une première entre les deux hommes.

Poursuivi pour haute trahison et trafic d'armes après son arrestation et extradition par l'Angola, Henry Okah a été libéré sans charge en juillet au bout de deux ans de prison après avoir accepté l'amnistie proposée en juin par le président nigérian.

En réponse à cette offre d'amnistie, qui a pris fin début octobre, le Mend avait décrété une trêve de trois mois en juillet et l'avait prolongée d'un mois mais le cessez-le-feu avait expiré la semaine dernière.

Dans un entretien récent avec l'AFP, Henry Okah, a estimé que «le gouvernement allait dans la bonne direction», mais avait également averti que la violence pouvait reprendre à tout moment si le gouvernement ne développait pas le delta du Niger comme promis.

«Attendons de voir jusqu'où le président et son gouvernement sont prêts à aller», ajoutait M. Okah.

«Si le gouvernement n'apporte pas une réponse satisfaisante, alors la violence reprendra plus tôt que tard. La possibilité d'une reprise immédiate de la violence est réelle», avait-il néanmoins averti.

L'une des demandes phares du Mend est qu'une plus grande part des milliards de dollars générés par le pétrole et le gaz extraits des neuf États de la région du Delta bénéficie directement aux populations locales.

Selon la Constitution de 1999, toutes les richesses naturelles, dans quelque État de la fédération qu'elles se trouvent, appartiennent de plein droit à l'État central. Pour Henry Okah, et même si actuellement 13% des recettes pétrolières sont reversés à la région de production, cette loi «a légalisé le vol par l'État» des richesses du delta, qui procure 90% des rentrées en devises du Nigeria.

La semaine dernière, les autorités ont proposé d'allouer directement 10% supplémentaires des revenus pétroliers aux populations locales des États pétroliers, une idée qui doit toutefois être encore approuvée par le Parlement, ce qui est loin d'être acquis.