Les ravisseurs de l'employé franco-britannique de la Croix-Rouge enlevé au Darfour, près de la frontière tchadienne, n'ont pas formulé de demande de rançon ou de revendications politiques lors d'un premier contact établi avec l'organisation, a indiqué samedi une responsable.

«Il y a eu un premier contact d'établi hier soir (vendredi) entre les ravisseurs et la Croix-Rouge Internationale (CICR). Ils n'ont pas fait état de demandes spécifiques», a déclaré à l'AFP Tamara al-Rifai, responsable de l'organisation à Khartoum.

«Nous ne savons rien pour le moment sur leurs motivations», a ajouté Mme al-Rifai, assurant qu'aucune rançon n'avait été exigée.

Le CICR n'a pas pu parler directement à l'otage Gauthier Lefèvre, 35 ans, au service de l'organisation depuis cinq ans incluant 15 mois au Darfour, mais les ravisseurs ont fait savoir qu'il se portait «bien», a précisé la responsable.

Gauthier Lefèvre circulait dans un convoi formé de deux véhicules marqués du logo de la Croix-Rouge lorsqu'il a été enlevé jeudi en milieu de journée par des hommes armés à près d'une quarantaine de kilomètres au nord d'El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest.

Des collègues internationaux et soudanais qui voyageaient avec lui n'ont pas été enlevés par les hommes armés qualifiés de «bandits» par les autorités soudanaises.

Aucun enlèvement de personnels humanitaires étrangers n'avait été recensé au Darfour avant l'émission en mars d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans cette région de l'ouest du Soudan.

Gauthier Lefèvre est à la fois le premier Britannique et le troisième Français enlevé au Darfour depuis mars. Les deux autres Français ont depuis été libérés.

Deux travailleuses humanitaires de l'ONG irlandaise Goal enlevées en juillet au Darfour-Nord ont été libérées le week-end dernier après 107 jours aux mains de leurs ravisseurs.

La libération a été obtenue après versement d'une rançon de 150.000 euros, affirme dans l'édition de samedi du Irish Times le chef de milice arabe et conseiller du président soudanais Omar el-Béchir, Musa Hilal.

«J'ai simplement convaincu les preneurs d'otages de revenir à la somme (mentionnée au début du kidnapping, ndlr) et le gouvernement a versé l'argent», a déclaré l'influent chef des «janjawids», milices recrutées par Khartoum pour combattre les mouvements rebelles du Darfour.

Les autorités soudanaises ont démenti à plusieurs reprises qu'une rançon ait été versée contre la libération des deux otages. «C'est juste une déclaration de politiciens... C'est quelque chose dont le gouvernement ne veut pas parler», a ajouté Musa Hilal.

Sharon Commins avait déclaré, dans une interview à l'Irish Times, que l'argent avait été le seul mobile de ses ravisseurs. «Ils n'avaient pas de motivation politique. C'était uniquement une question d'argent, c'était tout ce qu'ils voulaient. Ils ne parlaient que de ça», avait-elle dit au quotidien peu après sa libération.