Six agents d'une société chargée de la sécurité d'un chantier de SNC Lavalin ont été tués dans une embuscade jeudi matin à Tizi Ouzou, en Kabylie (110 km à l'Est d'Alger), le plus grave attentat en Algérie depuis fin juillet, a annoncé le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni.

Un précédent bilan de sources sécuritaires et du groupe canadien d'ingénierie et de construction SNC Lavalin faisait état de sept tués.

«Effectivement, six patriotes ont été tués et un autre a été blessé. Ils faisaient partie de l'équipe qui veillait sur la sécurité d'un chantier de construction d'un barrage de pompage d'eau aux habitants de la région», a déclaré M. Zerhouni, selon l'agence algérienne APS.

Les agents tués se trouvaient dans un fourgon quand les assaillants ont ouvert le feu vers 07h00 (06H00 GMT) sur le véhicule près de Maatkas, à 25 km au sud de Tizi Ouzou en Kabylie, les tuant sur le coup.

Un agent de sécurité et le chauffeur du bus, grièvement blessés, ont été hospitalisés dans la ville voisine de Boghni, selon des sources locales.

Le fourgon se rendait vers un camp de base dans la région proche des Ouadhias, d'où les agents devaient escorter des employés de SNC Lavalin jusqu'à un chantier de la région.

SNC Lavalin est chargée de construire un réseau de conduite d'eau potable destiné à alimenter la région sud de Tizi Ouzou à partir du barrage de Koudiet Acerdoune situé à Bouira (120 km au sud-est d'Alger).

«Nous trouvons cela extrêmement triste évidemment. En fait, les employés (agents tués) n'étaient pas nos employés, mais avaient été engagés par le client (Agence nationale des barrages et transferts», a déclaré à l'AFP, Leslie Quinton, porte-parole à Montréal de SNC Lavalin.

Le groupe canadien d'ingénierie ne remet pas en cause «sa présence en Algérie», selon la porte-parole.

Cet attentat, non revendiqué, a eu lieu après plus de deux mois de relative accalmie.

La dernière action d'envergure des islamistes armés remonte à fin juillet. Ils avaient alors attaqué un convoi militaire près de Tipaza, une station balnéaire à 70 km à l'ouest d'Alger, tuant au moins 11 soldats. Cette attaque avait été revendiquée par l'ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) devenue en 2009 la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Depuis, l'armée a lancé de nombreuses opérations dans plusieurs régions pour ratisser les maquis où se réfugient les assaillants après leurs attentats, avec des milliers d'hommes soutenus par l'artillerie et des hélicoptères de combat.

Depuis début octobre, les services de sécurité algériens ont tué plusieurs dizaines d'islamistes armés dont Bilal Abou Adnane, numéro deux de la zone ouest de l'Aqmi, selon des informations officielles ou de presse.

Depuis le début de l'année également, de nombreuses redditions ont eu lieu dans les rangs de l'Aqmi ainsi que le démantèlement de réseaux de soutien aux groupes armés.

L'«émir» (chef) d'une des principales branches de l'Aqmi, Ali Bentouati alias Abou Tamime, s'est rendu aux autorités fin janvier à Tizi Ouzou à la suite d'un appel de Hassan Hattab, ex-dirigeant et fondateur du GSPC, qui s'est lui même livré aux autorités en septembre 2007.

Le ministre Zerhouni avait estimé, fin juin, que les groupes armés islamistes encore en activité en Algérie étaient en nombre «très réduit».